Les Socialistes français et la question marocaine(1903-1912),

Abdelkrim Mejri.

A l'égard de la colonisation du Maroc, plusieurs tendances se sont manifestées au sein du parti socialiste. Jaurès, leader du groupe socialiste au Parlement et directeur de l'Humanité, préconisait une pénétration pacifique pour faire bénéficier les Marocains de la civilisation française. Les guesdistes, fidèles aux décisions de l'internationale ouvrière rejetaient l'accord francoallemand qui permettait à la France de coloniser le Maroc ainsi que le protectorat de 1912. Gustave Hervé, antimilitariste et antipatriote était hostile à la colonisation du Maroc.

 

Mais depuis la crise de Tanger de 1905, la position de ces trois tendances évoluera en fonction des circonstances. Tout dépendra du facteur prédominant : la doctrine, l'humanisme, le patriotisme ou le pacifisme. Malgré leurs divergences, les socialistes français ne voulaient en aucun cas, entrer dans une guerre européenne à cause d'une question coloniale. Tous défendaient également le prolétariat français, en insistant sur les charges financières et les pertes humaines qui résulteraient de la conquête militaire du Maroc. Au final, le courant pacifiste les sensibilisait plus que l'anticolonialisme.

 

Le livre d'Abdelkrim Mejri, fournit un éclairage d'un très grand intérêt sur les débats menés au sein du parti socialiste sur le Maroc et d'une manière plus large sur la question coloniale. Un demi-siècle plus tard, sous la IVe République, les mêmes divergences se manifesteront au sein de la SFIO sur le Maroc, et avec plus d'acuité sur le problème algérien.

 

 

Abdelkrim MEJRI, né le 21 Mars 1950 à Tunis. Il débute ses travaux de recherches par une étude sur « Le rôle des Maghrébins et leur participation dans les mouvements sociopolitiques au Machrek à la veille de la premi , ère guerre mondiale ». En 1987 il soutient une thèse de 3ecycle : « Les socialistes français et la colonisation du Maroc (1903-1912) ». Il a enseigné à L'École Normale Supérieure puis à la Faculté des Lettres de Sousse (Tunisie). Actuellement maître-assistant à la Faculté des Lettres de la Manouba (Tunis), il prépare une thèse de doctorat sur les Maghrébins en Tunisie (1930-1939).

 

Illustration : Le numéro 1 de L'Humanité. Jaurès, son fondateur (ici, en 1910, en chemin vers la Chambre des députés).