Abdelkrim Mejri.
Mais depuis la
crise de Tanger de 1905, la position de ces trois
tendances évoluera en fonction des circonstances.
Tout dépendra du facteur prédominant : la
doctrine, l'humanisme, le patriotisme ou le pacifisme.
Malgré leurs divergences, les socialistes
français ne voulaient en aucun cas, entrer dans
une guerre européenne à cause d'une
question coloniale. Tous défendaient
également le prolétariat français,
en insistant sur les charges financières et les
pertes humaines qui résulteraient de la
conquête militaire du Maroc. Au final, le courant
pacifiste les sensibilisait plus que
l'anticolonialisme. Le livre
d'Abdelkrim Mejri, fournit un éclairage d'un
très grand intérêt sur les
débats menés au sein du parti socialiste
sur le Maroc et d'une manière plus large sur la
question coloniale. Un demi-siècle plus tard, sous
la IVe République, les mêmes divergences se
manifesteront au sein de la SFIO sur le Maroc, et avec
plus d'acuité sur le problème
algérien. Illustration : Le
numéro 1 de L'Humanité. Jaurès, son
fondateur (ici, en 1910, en chemin vers la Chambre des
députés).
A
l'égard de la colonisation du Maroc, plusieurs
tendances se sont manifestées au sein du parti
socialiste. Jaurès, leader du groupe socialiste au
Parlement et directeur de l'Humanité,
préconisait une pénétration
pacifique pour faire bénéficier les
Marocains de la civilisation française. Les
guesdistes, fidèles aux décisions de
l'internationale ouvrière rejetaient l'accord
francoallemand qui permettait à la France de
coloniser le Maroc ainsi que le protectorat de 1912.
Gustave Hervé, antimilitariste et antipatriote
était hostile à la colonisation du
Maroc.
Abdelkrim
MEJRI, né le 21 Mars 1950 à Tunis. Il
débute ses travaux de recherches par une
étude sur « Le rôle des
Maghrébins et leur participation dans les
mouvements sociopolitiques au Machrek à la veille
de la premi , ère guerre mondiale ». En 1987
il soutient une thèse de 3ecycle : « Les
socialistes français et la colonisation du Maroc
(1903-1912) ». Il a enseigné à
L'École Normale Supérieure puis à la
Faculté des Lettres de Sousse (Tunisie).
Actuellement maître-assistant à la
Faculté des Lettres de la Manouba (Tunis), il
prépare une thèse de doctorat sur les
Maghrébins en Tunisie (1930-1939).