Crédit et discrédit de la Banque d'Algérie
(Seconde moitié du XIXe Siècle)
ce livre a obtenu le prix Charles André Julien 2005
Après 1880,
la Banque d'Algérie change de stratégie.
Les crédits qu'elle accorde sans restriction aux
colons vont développer une vague de
spéculation et d'euphorie générale.
Quand la conjoncture capitaliste se renverse, la
restriction brutale des crédits provoque
l'asphyxie de l'économie coloniale et la menace
d'un effondrement de tout le système bancaire
algérien. Les
Européens vont défendre avec acharnement
leur Banque devant le pouvoir métropolitain, au
point d'en faire un symbole de la personnalité
algérienne et de l'autonomie financière de
la Colonie. Inquiet, le gouvernement sauve de la faillite
l'institut d'émission algérien. Il lui
confirme son privilège de banque
d'émission, l'installe à Paris sous son
contrôle et élargit son rôle à
toute l'Afrique du Nord, à commencer par la
Tunisie occupée depuis 1881. Titulaire d une
thèse de IIIe cycle et d'une thèse
d'État en histoire économique, Mohamed
Lazhar GHARBI est professeur d'histoire contemporaine
à la Faculté des lettres de la Manouba,
Tunis. Outre des articles relatifs à l'histoire
économique et financière du Maghreb et
à la décolonisation, il est l'auteur de
deux ouvrages : Impérialisme et réformisme
au Maghreb : Histoire d'un chemin de fer
algéro-tunisien et Le capital français
à la traîne. Ébauche d'un
réseau bancaire au Maghreb colonial.
Dans un
ouvrage très documenté, précis et
vivant. Lazhar Gharbi a étudié la
politique de crédit de la Banque d'Algérie
pendant le second XIXe siècle. Il distingue deux
périodes. Pendant la première allant de
1851 à 1880, la Banque a cherché à
asseoir son crédit plutôt que de s'imposer
comme une banque centrale. Cette stratégie
d'orthodoxie financière et monétaire lui a
permis de concilier son monopole public (émission
monétaire, gestion du compte du Trésor et
son rôle de banque des banques) et son
activité comme une banque d'affaires. Cette
politique marquée par la prudence qui lui a permis
de faire face aux crises économiques de 1860 et
1875, lui a valu d'être comparée à la
Banque de France.