Étudiée
sur la longue durée, l'immigration
algérienne participe d'une histoire double: celle
de l'Algérie, pays fournisseur de
main-d'uvre, et celle de la France, dont elle
devient une composante de l'histoire
démographique, sociale, politique, militaire et
culturelle. Comment les
ouvriers agricoles et les colporteurs kabyles,
présents dans le Midi et les stations
balnéaires sous le Second Empire, se
transforment-ils en une main-d'uvre
ouvrière, régulière,
réglementée, organisée et
concentrée dans les régions industrielles ?
Cette population, issue de départements
français, mais régie par un statut
discriminant, est devenue de façon très
particulière à la fois une composante du
prolétariat français et le creuset de
l'identité algérienne, où s'est
formé et développé le mouvement
nationaliste algérien. La guerre
d'Algérie n'épargne pas la France,
où elle prend le caractère d'une guerre
civile impitoyable entre le FLN et le MNA. Cependant,
l'Indépendance, loin de réduire
l'immigration, l'amplifie, en même temps que
l'arrivée des femmes et des enfants modifie sa
nature. Pour comprendre ce processus, amorcé dans
les années 1950, il faut l'envisager dans sa
durée, en relativisant la période de la
Guerre d'Algérie. Jacques Simon est
né en 1933 à Palat (Algérie). En
1954, après le Congrès d'Hornu du MTLD, il
s'engage dans la lutte pour l'indépendance de
l'Algérie et devient membre Lie la direction Lie
l'Union syndicale des travailleurs algériens
(USTA). Docteur en Histoire, président du Centre
de recherches et d'études sur l'Algérie
contemporaine (CREAC), il a dirigé la recherche de
l'IRES/FEN sur l'immigration algérienne, d'ou est
issu cet ouvrage. Edition Paris
Méditerranée 2000
La migration
algérienne se développe en France
malgré les deux guerres mondiales, la crise
économique des années trente et la longue
Guerre d'Algérie, jusqu'en 1974, quand
l'Algérie et la France décident de mettre
fin à l'émigration algérienne de
travail.