En 1939,
l’Algérie s’engage avec réticence dans la guerre. La défaite de juin
1940 crée un traumatisme qui se résorbe quand la France vaincue conserve
sa flotte et son Empire. Le régime de Vichy qui s’installe à Alger adopte
la Révolution nationale et renoue avec l’Algérie de la conquête : celle
des généraux vainqueurs d’Abd el-Kader et de Moqrani, Le gouverneur
Abrial soutenu par les ligues fascistes et l’Église applique une dure
politique antisémite et réprime les communistes et les socialistes,
sans rallier les Musulmans, car Messali refuse de collaborer avec Vichy.
En novembre
1942, la France connaît une seconde défaite avec le débarquement des
Alliés en Afrique du Nord, l’occupation de la zone libre et le sabordage
de la flotte française à Toulon. A Alger, les Américains exercent une
tutelle politique sur le pays qui a connu en quatre ans quatre régimes
politiques et six gouverneurs généraux différents.
En 1943,
le général Giraud avait accepté comme base de réformes à venir, le Manifeste
d’Abbas avec l’Additif de Messali sur une Constituante. Son rejet par
Catroux puis le discours de De Gaulle à Constantine et l’ordonnance
du 7 mars 1944 conduisent Ferhat Abbas à fonder les Amis du Manifeste
et de la liberté (AML). Il est vite dominé par le PPA qui, au congrès
des AML de mars 1945 fait adopter la thèse de l’Additif, et plébisciter
Messali chef national algérien. En pleine guerre, le peuple algérien
avait proclamé la souveraineté de la Nation algérienne.
Refusant
la contestation de sa politique néocoloniale, de Gaulle, chef du GPRF,
expulse Messali en Afrique noire et crée les conditions pour que les
manifestations des Musulmans, les 1er et 8 mai 1945, soient réprimées.
Retour
d’exil, Messali crée le MTLD, fondé sur la Constituante et reprend le
combat en alliance avec la classe ouvrière et le peuple français ami ;
preuve que la répression de mai 1945 n’était pas un génocide mais un
acte contre révolutionnaire, comme celui de la Commune de Paris. La
révolution de Mai écrasée, Messali prépare au congrès d’Hornu en juillet
1954, une seconde révolution pour faire triompher la Constituante..
Jacques
Simon est né à Palat (Algérie) en 1933. Lycéen à Tiaret, Mascara et
Alger, puis étudiant à Paris (Lettres et Droit). Il participe en 1956
à la création de l’Union Syndicale des Travailleurs Algériens (USTA)
qui sera soutenue par la Fédération de L’Éducation Nationale, la gauche
socialiste, A. Breton, A. Camus, E. Morin. Jacques Simon a dirigé plusieurs
journaux et revues (L’Étincelle, Tribune algérienne, Libre Algérie,
Cirta. Docteur en histoire, il préside le Centre de Recherche et d’Étude
sur l’Algérie contemporaine (CREAC). Illustration : Denis Forestier.
« France Observateur «juillet 1960 ISBN : 978-2-343-04522-1 045221 21,50
€ Collection « CREAC-HISTOIRE » dirigée par Jacques Simon.