Dalila
Chérif La
force de police auxiliaire : Rémy
Valat "L'ART
DU RÉCIT DE VIE" LA DÉMARCHE DE CHISTORIEN FACE AUX
TRAVAUX DE SAYAD Jean-René
Genty Jean-René
Genty "Les
Algériens, entre guerre d'Algérie et appel de main-d'oeuvre" Intervention
de J.R.Genty au colloque de l'ADI ( Association pour le développement
interculturel). Mai 2005 à Courrières Immigration
et politique de l'habitat Svlvestre
Tchibindat Rémy
Valat
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Article paru dans la revue de l'inspection
générale N°1 février 2004 "École et
République. Ministère Jeunesse, Education, Recherche."
École et islam Jean-René Genty, inspecteur général
de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche " Il est vrai que plus que d'autres
religions, le christianisme par exemple l'Islam s'implique comme tel
dans la société, les institutions et jusque dans les figures
de la vie. Là réside, aux yeux des théoriciens
, un privilège que certains dircissent en dimemme. Il prête,
ce dilemme, à des shématismes dangereux " Jacques Berque1 Écrire sur le thème de l'école
et de l'Islam demeure une gageure tant cela défie tout effort
de synthèse et de clarification et suscite amalgame et caricature. Se situant dans la question plus générale
de la rencontre entre l'islam et l'occident, la réflexion mobilise
les argumentaires réciproques énoncés dès
1883 au cours du débat relatif à l'islam et la science
qui opposa Ernest Renan et le cheikh Gemmal Eddine el Afghani 2. La question se pose avec acuité
car l'institution scolaire accueille désormais de nombreux jeunes
musulmans issus de l'immigration. La rencontre entre l'institution républicaine
et des populations fortement marquées par des conceptions juridiques
spécifiques articulées autour de la notion de statut personnel,
constitue l'objet véritable du débat. Pourtant, avant de regarder les difficultés,
il est permis de s'interroger sinon sur la pertinence de la démarche,
du moins sur la signification et la réalité des phénomènes
observés et dénoncés. De nombreux travaux réalisés
au cours de la dernière décennie semblent indiquer un
processus rapide d'alignement des pratiques religieuses des musulmans
vivant en France sur celles des croyants des religions "traditionnelles",
chrétiennes notamment. Que ce soient les travaux des équipes
de Bruno Etienne ou la grande enquête de Michèle Tribalat,
tout semble montrer une évolution accélérée
vers des attitudes similaires à celles des fidèles des
autres religions 3. Le texte qui suivant esquisse un tableau de la situation
du point de vue de l'observateur de terrain. Après avoir recensé
"les questions qui fâchent"4, on insistera sur un aspect important
de l'évolution de l'islam en France, son intellectualisation,
pour évoquer ensuite les attitudes des acteurs institutionnels. Islam et école : les questions
qui fâchent De nombreux témoignages publiés,
des incidents recensés par les autorités ainsi que des
observations recueillies lors des visites en établissement permettent
de conclure à une visibilité accrue de comportements plus
ou moins en rapport avec l'islam là où se trouvent d'importantes
populations immigrées5. Certaines des attitudes relèvent
de pratiques religieuses proprement dites, d'autres sont des comportements
déviants qui se parent plus ou moins explicitement de références
religieuses. >>" Les pratiques religieuses" II s'agit des comportements directement
liés à la pratique religieuse. On y trouve le particularisme
vestimentaire, l'observance des interdits alimentaires, le respect du
jeûne et la participation aux fêtes religieuses. Si chacune
de ces attitudes adoptées individuellement ne peut ni ne doit
soulever aucune objection ou difficulté majeure, elles peuvent
rapidement perturber la vie d'une collectivité-scolaire lorsqu'un
nombre significatif d'élèves les adoptent. L'exemple classique
demeure la fin du ramadan en cours qui s'accompagne parfois de revendications
pour que la rupture du jeûne s'accomplisse pendant l'heure d'enseignement.
Le particularisme vestimentaire pose un problème particulièrement
complexe notamment quand il se traduit par le port du voile car cela
renvoie au statut personnel de la femme dans la société
musulmane, "égale au croyant en religion mais mineure en droits
dans la société" selon la formule de Leïla Babès
6. >>" Les attitudes déviantes" II s'agit d'attitudes explicitement agressives
dans lesquelles la religion semble jouer un rôle essentiellement
idéologique. On peut citer le défaut d'assiduité
à certains cours, voire la critique des contenus selon une grille
politico religieuse. Dans un autre registre, le rôle de la référence
religieuse mal comprise paraît difficile à évaluer
dans le processus général de dégradation des relations
entre adolescents et adolescentes. On a évoqué précédemment
le statut personnel de la femme dans le monde arabo-musulman. Tout ceci
reste à nuancer comme le montrent les ouvrages de Malek Chebel7
mais il vrai que les propos de théologiens actuellement influents
au sein de l'islam européen jettent une lumière inquiétante
sur l'influence potentielle de certains discours8. La judéo phobie constitue un axe
structurant de nombreux comportements déviants. Attitude répandue,
longtemps sous-estimée voire occultée, elle s'enracine
dans un fonds théologique ancien qui imprègne le milieu
familial, réactivé pour les plus jeunes par la tragédie
moyenne orientale9. II y a là sans doute un élément
déterminant longtemps sous estimé car considéré
comme uniquement conjoncturel10. On pourrait évidemment citer d'autres
comportements, pressions voire agressions, plus ou moins habillés
de références religieuses. Islam en France : une structuration
et une intellectualisation qui empruntent la voie de la spiritualité On a souvent attribué les difficultés
d'insertion dans le cadre de la République laïque à
ce qu'on appelait "l'islam des caves". On entendait ainsi dénoncer
la faiblesse intellectuelle de l'encadrement religieux et sa supposée
inféodation à des états étrangers. On peut
remarquer que les pouvoirs locaux (essentiellement patronaux) et nationaux
avaient délégué sans scrupule entre 1960 et 1980
la "gestion des caves" aux appareils policiers de la monarchie chérifienne
et de la république algérienne démocratique et
populaire. Parallèlement, on a sans doute sous-estimé
un processus puissant et rapide d'intellectualisation et d'autonomisation
de l'islam en France. A la fin des années quatre-vingt, en réaction
à la ghettoïsation, aux difficultés de tous ordres,
aux déceptions et aux manipulations, un mouvement d'adhésion
à la religion s'est produit dans le milieu des jeunes diplômés.
Ce mouvement a emprunté des voies diverses mais il a abouti à
la naissance d'un islam intellectualisé, minoritaire, proche
des gens et en voie de sécularisation rapide. >> Un islam intellectualisé Renouant, à un siècle et
demi de distance, avec les exemples d'El Afgâni, et de Mohamed
Abdou qui firent de Paris un grand centre de la renaissance intellectuelle
musulmane, des intellectuels ont développé une réflexion
foisonnante sur la manière pour un croyant de vivre sa foi dans
un pays non musulman. Ce travail sur soi, qui s'appuie sur l'étude
de la tradition et des grands réformateurs, emprunte à
la théologie, la sociologie, l'anthropologie voire la psychanalyse
et tente de penser l'articulation entre islam et modernité. >>Un islam de minorité Ces théologiens
réfléchissent au positionnement des musulmans en minorité
dans ce que l'on appelait traditionnellement "le pays de la guerre".
Actuellement, deux personnages polarisent l'attention. Le plus connu,
Tariq Ramadan, développe une réflexion délibérément
axée sur l'appropriation par les musulmans de l'héritage
européen et réfléchit plutôt en termes de
groupes, d'aucuns pourraient parler de communautarisme bien que l'intéressé
s'en défende11. Ramadan utilise volontiers la notion de témoignage
pour décrire la présence des musulmans en Europe. Ce terme
est intéressant car il est directement emprunté à
l'église catholique pour qualifier sa présence en terre
d'islam. Limam de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, s'intéresse
surtout aux pratiques privées et à la manière d'adapter
les dispositions du statut personnel aux exigences des sociétés
laïques occidentales. II s'agit de construire, fatwa après
fatwa, une charia de la minorité, soit le minimum de ce que les
musulmans peuvent pratiquer en occident. >> Un islam de proximité Les jeunes
musulmans préfèrent de beaucoup l'action locale et se
méfient des "grandes machines". A cet égard, ils sont
très représentatifs de la France des années 2000.
Parallèlement l'alliance entre l'islam populaire et l'islam intellectualisé
est forte, quasi organique. L'exemple de Tariq Ramadan réunissant
des dizaines de lycéens et d'étudiants dans des séminaires
organisés par des associations cultuelles en constitue un exemple
impressionnant. La consultation des nombreux sites Internet révèle
cette volonté de donner aux croyants des informations et des
repères pour leur conduite quotidienne. Un thème fréquent résume
à lui seul cette alliance organique, celui de l'ancien voyou
qui se transforme en prosélyte dans son quartier. Cette attitude
irrite les observateurs extérieurs mais elle correspond à
un archétype, celui du brigand devenu ermite, que l'on retrouve
à la fois dans l'islam classique et dans les formes religieuses
très présentes au Maghreb (maraboutisme et culte des saints
12). Les approches collectives n'excluent pas la valorisation de la
démarche individuelle qui renoue avec un principe fort de l'islam
originel, le contact direct entre le créateur et le croyant.
En observant cette évolution, on ne peut s'empêcher d'évoquer
la révolution du croire analysée par Marcel Gauchet. Cette évolution se caractérise
par une autonomisation croissante et une individualisation de la pensée
religieuse. On assiste à un processus de sécularisation
très rapide, conditionné par l'intellectualisation évoquée
précédemment. Leïla Babès résume à
l'aide de la formule suivante le processus en train de se produire :
"l'originalité de l'intellectualisation n'est pas scepticisme
ou discours réformiste, mais une exigence de croire qui débouche
sur une spiritualisation." 13 Autrement dit, à "l'islam des caves"
succède, ou plus exactement se superpose un islam piétiste,
à la fois intellectualisé et populaire, avec des cadres
dont les comportements ne correspondent pas exactement à ce qu'espérait
la république. Cette évolution peut éclairer un
certain nombre de situations rencontrées dans des lycées
où les équipes enseignantes se trouvent confrontées
à des élèves déterminées - les filles
semblent jouer un rôle prépondérant - maîtrisant
parfois (souvent ?) des connaissances et un art de la dialectique la
plupart du temps ignorés des adultes. Le modèle républicain
confronté à la revendication d'inspiration religieuse
Dans l'économie générale
du système républicain, l'école occupe une place
particulière. La situation actuelle résulte d'un équilibre
atteint à l'issue d'un. Siècle et demi de lutte entre
République et l'Eglise catholique à qui l'Etat avait laissé
la mission d'enseigner. La présence de l'islam pose la question
d'une manière totalement inédite dans la mesure où
cette religion correspond à une mutation de la société
française14. A ce sujet, on se contentera de formuler trois remarques. Les visites d'établissement permettent
de constater combien les attitudes adoptées localement pour répondre
aux comportements décrits précédemment sont extraordinairement
diverses sinon contradictoires. Les optimistes y voient une préfiguration
de l'extension des domaines d'autonomie de l'EPLE, les autres constatent
que, pour la même situation, les réponses peuvent être
différentes voire parfaitement contradictoires. Dans tel établissement,
la proviseure interdit le port du voile dès la grille franchie,
dans un autre, pas très éloigné, on pourra voir
des lycéennes porter des cagoules ajustées y compris en
cours de physique ou de chimie15. On peut même considérer
que, désormais, dans des agglomérations où vivent
de nombreux musulmans, le facteur religieux est intégré
dans les processus de choix des familles. Celles qui sont très
attachées à la tradition religieuse "choisiront" tel lycée
réputé plus souple plutôt que tel autre 16. On retrouve
ainsi les stratégies d'évitement utilisées habituellement
pour d'autres objectifs. Cette hétérogénéité
des réponses constitue une difficulté majeure. On peut
se demander parfois si les acteurs du système, personnels d'encadrement,
d'éducation et enseignants maîtrisent suffisamment les
principes de la laïcité qui leur permettraient de se positionner
clairement tant vis-à-vis des difficultés quotidiennes
que dans les crises ouvertes. Cette carence se fait désormais
sentir avec acuité compte tenu de l'importance du renouvellement
important des enseignants se traduisant par l'afflux de nouveaux recrutés.
II faudrait au sein de ces nouvelles promotions, accorder une certaine
attention aux jeunes enseignants et notamment ceux issus de l'immigration,
eux-mêmes de culture arabo-musulmane, qui peuvent se trouver mis en difficulté
par des élèves - et aussi par un environnement professionnel
prompt à les considérer comme des intercesseurs - enclins
à jouer de la pression psychologique. A cet égard, la
recommandation formulée par le rapport de Régis Debray
sur l'enseignement du fait religieux, concernant la mise en place d'un
module obligatoire dans les IUFM à destination de tous les futurs
enseignants, demeure toujours d'actualité. L'hétérogénéité
des postures et l'affaiblissement des cadres de référence
s'explique bien entendu par les évolutions internes de la société
en général donc de l'école. Placés dans
un cadre général d'indifférence/tolérance,
les acteurs ont perdu l'habitude du recours à la critique intellectuelle.
L'accélération de l'évolution s'explique également
par la prise de conscience accrue du caractère particulier de
la situation française, processus qui se renforce notamment avec
l'intégration européenne. C'est d'ailleurs dans ce contexte
que les principaux penseurs musulmans européens situent leurs
réflexions et de nombreux argumentaires prennent appui sur des
comparaisons entre pays voisins. Car, notamment dans les pays de l'Europe
du nord, l'articulation entre pouvoir politique et églises s'est
construite différemment. Les questions qui nous préoccupent
se traitent dans une optique communautariste y compris d'ailleurs dans
la Belgique catholique17. Or ces modèles semblent fonctionner
et en tout cas, ne pas aboutir à des résultats plus mauvais
que le système français sur le plan de l'intégration
ou du contrat politique constituant la nation. Il est vrai qu'il est
très difficile de procéder à des comparaisons pertinentes
en ce domaine, chaque pays ayant construit sa propre conception. Il est temps de rappeler que les attitudes
et les situations évoquées dans cet article ne concernent
que quelques milliers d'individus, soit un pourcentage infime des populations
de confession musulmane. L'approche choisie induit de mettre l'accent
sur les chocs et les crispations. Or ce qui se passe sous nos yeux est
beaucoup plus complexe. Il y a interaction entre les statuts, les références
et les modes de vie. Dans sa thèse sur la réussite des
enfants issus de l'immigration algérienne, Zaïhia Zeroulou
met l'accent sur la stratégie familiale dans la réussite
de l'enfant. Cette mobilisation passe par un certain arrachement à
la tradition, au repli sur soi qui correspond à une rupture relative
avec le milieu d'origine 18. Ce processus n'est d'ailleurs pas spécifique
à la condition de l'immigré. Annie Ernaux en a exprimé
la douleur ressentie par une adolescente d'origine ouvrière dans
un livre très émouvant 19. II serait évidemment prometteur
et réconfortant de décrire les innombrables bricolages
individuels élaborés dans le quotidien d'où émergent
peu à peu un nouveau visage de la pratique religieuse20. L'école
doit avoir aussi conscience de cette réalité. 1-BERQUE, Jacques, Andalousies, Arles,
Actes Sud, 1997, 236 p, p 221. 2-RENAN, Ernest, L'islam et la science
avec la réponse d'Afghâni, Montpellier, l'archange minotaure,
2003, 56 p. Renan développe la thèse
de l'opposition radicale entre islam et science voire instruction. Il
argumente à partir de la "fermeture des portes de l'ijtihad"(réflexion
personnelle du croyant) au XIème qui rendit très difficile
l'exercice de la philosophie. 3-TRIBALAT, Michèle, Faire France.
Une enquête sur les immigrés et leurs enfants, Paris, La
Découverte, 1F= 225 p ; voir aussi l'enquête IFOP-Le Monde
de septembre 1994. Michèle Tribalat vient de publier avec Jeanne-Hélène
Kaltenbach un ouvrage très stimulant intitulé La république
et l'islam. Entre crainte et aveuglement, Gallimard 2002, 338 pages.
On trouvera également des éléments dans le livre
d'Emmanuel Todd, Le destin des immigrés. Assimilation et ségrégation
dans les démocraties occidentales, Paris, Le Seuil, 1994 391p. 4-Référence au livre utile
et tonique de Bruno Etienne, Islam: les questions qui fâchent,
Paris, Bayard, 2003, 178p 5-BRENNER, Emmanuel, Les territoires perdus
de la République, Paris, Fayard, 2003, 238 p ; Islam, école et identité,
dossier publié par Le Monde de l'Education, décembre 2001. 6-BABÈS, Leïla et OUBROU,
Tarecq, Loi dAllah, loi des hommes, Paris, Albin Michel, 2002. 7-CHEBEL, Malek, L'imaginaire arabo-musulman,
Paris, PUF, 1993, 388 p ; Le corps en islam, Paris, PUF, 1999, 234 p. 8-Ainsi des raisonnements de Tareq Oubrou
sur l'excision ou sur le poids du cerveau féminin ; Leila Babe
et Tareq Oubrou, Loi d'Allah, loi des hommes, op cit. Les raisonnements
adoptés montrent la difficulté à s'extraire de
l'interprétation littérale du texte sacré. 9-Pour les musulmans, les juifs et les
chrétiens sont des falsificateurs. Rappelons que le Coran retranscrit
directement la parole de Dieu alors que l'Ancien et le Nouveau Testament
ne sont que des témoignages de seconde main. Les chrétiens
sont un peu moins mal considérés que les juifs car ils
ont reconnu le prophète Jésus (mais ils l'ont déifié)
placé au premier rang par les mystiques soufis. Pratiquement,
le Coran exprime des positions contradictoires à l'égard
des juifs. Cela peut s'expliquer par la volonté de Mohamed d'englober
les tribus juives et chrétiennes dans son projet et les échecs
qu'il a rencontrés. 10-Voir le récit de LINHART, Robert
dans L'établi au cours duquel son camarade de chaîne lui
dit : "Non, ça ne se fait pas, c'est juif ", Paris, éditions
de Minuit, 1978, PP 149-150. 11-RAMADAN, Tariq, possède à
la fois la légitimité intellectuelle (il est diplômé
de philosophie et de théologie), et celle issue de la tradition.
Il est le petit-fils de l'égyptien Hassan el Banna, fondateur
du mouvement des Frères Musulmans, assassiné par la police
politique de Farouk en 1949. 12-Il ne faut pas sous-estimer la persistance
jusqu'à maintenant au sein de l'immigration algérienne,
des formes d'organisation confrériques notamment chez les migrants
berbères, kabyles et oranais (le triangle des saints : Marnia-Tlemcen-
Nedromal) 13-BABÈS, Leïla, L'islam positif.
La religion des jeunes musulmans de France, Paris, éditions de
l'atelier, 1997, 223 p. L'auteur analyse en détail ce processus
de réinvestissement du religieux par de jeunes musulmans. Elle
explique l'influence des Frères Musulmans par la volonté
de ce courant de penser la modernité sociale et politique d'un
point de vue musulman. 14-La présence de l'Islam en France
n'est pas une nouveauté. L'aventure historique de la colonisation
a légué une certaine expérience notamment dans
le cas de l'Algérie. Mais il n'est pas sûr que cela constitue
un héritage utile en ce domaine. Rappelons que la France en Algérie
n'a pas appliqué la toi de 1905 et qu'elle a conservé
le système existant avant la conquête tout en le contrôlant
étroitement. 15-Ce qui montre que l'interdiction motivée
par des motifs sécuritaires se situe sur un terrain qui ne correspond
absolument pas à celui choisi par les lycéennes ou leurs
familles. Interdire le port de ces cagoules fabriquées pour cet
usage spécifique au nom de la sécurité n'est plus
crédible. 16- Ces comportements se sont par exemple
développés dans l'agglomération de Lille-Roubaix-Tourcoing
où les familles ont de fait le choix entre trois systèmes,
les établissements publics, les établissements privés
sous contrat et le système scolaire belge. Bien entendu, ces
stratégies sont surtout le fait des milieux de la classe moyenne.
Quand à l'ouverture du lycée musulman à la rentrée
2003, elle est surtout à interpréter comme une démarche
interne destinée à assurer la prééminence
de la mosquée de Lille sud (et de son recteur) au sein de la
communauté musulmane régionale. 17- On reprendra bien sûr la distinction
entre pays catholiques et pays protestants. Dans les premiers, la séparation
de l'Eglise et de l'Etat n'a pu se réaliser que par "une intervention
volontariste, voire chirurgicale" selon l'expression de Marcel Gauchet
(La religion dans la démocratie, Paris, Gallimard, 2002, 173
p, p 191, alors que dans les seconds, le processus d'autonomisation
s'est produit au sein de la sphère religieuse. Quant à
la Belgique catholique, il s'agit d'un puzzle de communautés
où les citoyens se définissent largement par leur appartenance
à différents ensembles, on s'y réclame explicitement
d'un groupe linguistique, d'une confession et d'une appartenance politique
et syndicale qui détermine l'insertion dans la société
(mutuelles, hôpitaux, institutions diverses). L'approche communautaire
y trouve un accueil favorable. 18-ZEROULOU, Zaïhia, La réussite
scolaire des enfants d'immigrés. L'apport d'une approche en termes
de mobilisation, Revue française de sociologie, XXIX, 1988, pp
447 à 470. "Les attitudes mobilisatrices des parents sont le
produit de trajectoires impliquant une rupture avec les pratiques du
pays d'origine et celles de la communauté immigrée". 19-ERNAUX, Annie, La place, Paris, Gallimard,
1986, 114 p, "J'ai fini de mettre au jour l'héritage que j'ai
dû déposer au seuil du monde bourgeois et cultivé
quand j'y suis entrée", p 111. 20-C'est dans la question des inhumations
que l'on peut constater une évolution rapide des attitudes mais
il vrai que cela passe par l'instauration des carrés musulmans cf. CHAÏB, Yassine, L'émigré
devant la mort. La mort musulmane en France Edisud, 2000. cf. GENTY, Jean-René, La terre,
les pierres et les morts. Evolution de l'inhumation des migrants de
confession musulmane dans les cimetières du Nord/Pas-de-Calais,
in Regards croisés, l'immigration dans
le Nord/Pas-de-Calais, Béthune, documents d'ethnographie régionale
du Nord/Pas-de-Calais, n°12, 2002, 191 p.
La lettre de DMA (Association des amis d'Abdelmalek
Sayad). N°9- Novembre 2004 D'un monde à l'autre, Institut social Lille
Vauban. "L'ART DU RÉCIT
DE VIE" LA DÉMARCHE DE CHISTORIEN FACE AUX TRAVAUX DE SAYAD Il est des auteurs que l'on découvre plus
ou moins tardivement. Ce fut le cas, en ce qui me concerne, d'Abdelmalek
Sayad. Travaillant alors sur les premières vagues de migrants
venus dans la région, j'avais plutôt privilégié
les observateurs contemporains de ces arrivées comme Octave Depont,
Robert Montagne, Pierre Laroque, Louis Chevalier ou encore JeanJacques
Rager. Tous ces auteurs observèrent et analysèrent le
mouvement migratoire avec un regard colonial Vint la découverte des travaux d'Abdelmalek
Sayad. Cette rencontre avec une uvre à laquelle on accède
par de multiples entrées fut déterminante. L'approche
adoptée par l'analyste consistait à se placer au sein
même du mouvement migratoire et à proposer une description
dynamique insistant sur les causes du départ et sur la difficulté
de vivre ailleurs. Au fil de travaux historiques menés dans
un cadre monographique, la référence à trois éléments
présents dans l'ceuvre d'Abdelmalek Sayad s'imposa de manière
récurrente : Dans " Les trois âges de l'émigration
", le sociologue décrit et modélise la manière
dont le mécanisme migratoire s'est enclenché, organisé
puis modifié tout au long du XXème siècle. " C'est
ainsi qu'à chacune des deux grandes périodes de l'histoire
récente de la société rurale algérienne,
chacun des deux états successifs des structures tes plus fondamentales
de l'économie et de la pensée paysanne ainsi que de tout
l'ordre social du monde rural, correspond à un " âge "
distinct de l'émigration, c'est-à-dire un mode de génération
différent de l'émigration et une " génération
" différente d'émigrés ". Certes, certains aspects
de cette réalité avaient été décrits
dans des textes antérieurs comme l'article de Robert Montagne
sur l'émigration nord-africaine, mais ceuxci ne revêtaient
pas la même force d'analyse et d'évocation2 Ces textes
demeuraient profondément imprégnés de rhétorique
coloniale'. Ce modèle des trois âges se structure à
partir des données démographiques que l'on peut recueillir
par exemple dans les communes de l'ex bassin minier. On voit ainsi,
à partir des registres de recensement, se dérouler le
mécanisme à travers les mêmes familles, les mêmes
lignées. - une modélisation de la dynamique de l'émigration
algérienne exposée dans "Les trois âges de l'émigration"1; - un concept issu de la culture même de l'émigré
qui désigne la condition d'immigré, el ghorba ; - un outil utilisé au cours de la procédure
d'enquête mais faisant aussi partie de l'analyse du sociologue
: le récit de vie. Le second élément déterminant
fut la notion d'el ghorba. Ce terme désigne à la fois
le départ, l'exil et l'arrachement, la condition de l'émigré
qui a quitté le village natal, la " petite patrie ". " Dans la
logique traditionnelle, la vérité d'el ghorba est d'être
associé au " couchant " ; à l'obscurité ; à
l'éloignement et à l'isolement (parmi les étrangers,
donc à leur hostilité et à leur mépris)
; à l'exil; à la frayeur (celle que suscite la nuit et
le fait de se perdre dans une forêt ou une nature hosti- 'Sayad Abdelmalek, "La double absence. Des illusions
de l'émigré aux souffrances de l'immigré ", Paris,
Seuil, 1999, 439 p. ZMontagne Robert, "L'émigration nord-africaine
en. Son caractère familial et villageois ", "Hommages à
Lucien Febvre ", Paris, A. Colin, 1953, 452 p. 3Je n'oublie pas bien entendu la rupture radicale
représentée par la publication de la thèse d'Andrée
Michel le) à l'égarement (par perte de sens
de l'orientation) au malheur, etc "4. Mais el ghorba désigne
aussi, dans les récits des migrants, le pays d'accueil rêvé,
idéalisé, présenté à ceux qui sont
restés. L'ambiguïté est le temps valeur de témoignage historique.
On peut citer le récit autour duquel s'organise le texte intitulé
" La " faute " de l'absence "6. La personne narre un parcours d'émigration
qui démarre en 1953 et qui se "L'immigration algérienne dans le Nord Pas
de Calais", 1909-1962 Alors que la région du Nord/Pas de Calais
est une terre de vieille immigration, cette ancienneté s'est
estompée dans le souvenir. II faut donc retrouver les fils conducteurs
d'une histoire intimement liée à celle de la population.
A l'heure où l'information immédiate se focalise sur des
événements ou des faits qui font peur et qui engendrent
la méfiance, le recours à l'histoire permet de restituer
les parcours, les apports et de cerner les enjeux de la présence
des migrants originaires d'Algérie. ou un autre, " firent l'histoire ". Comment ne pas
utiliser ces références et ces clés d'interprétation
quand on suit le parcours d'un jeune kabyle qui arrive à 25 ans
comme mineur à Liévin, puis monte peu à peu dans
la hiérarchie du PPAMTLD, pour terminer comme l'un des cinq "
fédéraux " de la fédération de France du
FLN et à ce titre organiser la manifestation du 17 octobre 1961.
Le destin de celui qui s'appelait Pedro dans la clandestinité
renvoie aussi à ces catégories. On peut également
évoquer le destin de ce jeune interprète venu travailler
en 1917 aux mines de SaintEtienne, qui monte ensuite vers celles du
Pas-de-Calais, deviendra l'un des entrepreneurs en travaux publics les
plus importants de la région et dont le souvenir demeure vivace. constante. Un écrivain, Mouloud Feraoun,
avait évoqué cette condition, ce climat particulier dans
des textes qui devaient demeurer5. Dans ses textes, Abdelmalek Sayad a fréquemment
recours à une démarche qui consiste à présenter
un récit de vie qui lui permet à la fois de développer
un itinéraire individuel et d'amener le lecteur à retrouver,
à partir de ce parcours, le général, voire l'universel.
Le récit de vie ne sert pas à illustrer le propos de manière
un peu annexe, mais il occupe une place centrale dans la démonstration.
L'analyste part de ce récit reproduit in extenso. Cette pratique
et les résultats qu'elle donne interpellent évidemment
l'historien. Autrement dit, l'approche quantitative, nécessaire,
n'est pas suffisante. Les récits de vie et les approches biographiques
constituent aussi une source incontournable. D'ailleurs, certains des
textes recueillis par Abdelmalek Sayad, ont acquis avec 4 Sayad Abdelmalek, " Elghorba ", " L'immigration
ou les paradoxes de l'altérité ", Bruxelles, De Boeck
université, 1991, 331p, p 47. SMouloud Feraoun, " La terre et le sang ", Seuil,
1993, l'oeuvre de Slimane Azem qui ne parle que de cet exil. 6La " faute " de l'absence ", " L'immigration ou
les paradoxes de l'altérité ", opus cité, p 111. 254 p. Mais il ne faut pas oublier toute déploie entre Roubaix, les villes du bassin
minier et Saint-Dizier. Parcours assez emblématique, similaire
à celui suivi par des milliers d'hommes qui allaient de ville
en ville pour trouver du travail au début des années cinquante.
Le travail du sociologue saisit à travers cette situation particulière
ce qu'ont été l'itinéraire et le destin de milliers
de migrants que l'historien retrouve dans des données statistiques.
Comment ne pas rapprocher ce parcours d'autres, connus ou inconnus.
On pourrait ainsi évoquer ces situations qui apparaissent à
travers l'enquête de 1923 ou encore celles décrites par
les secrétariats sociaux auprès de l'évêque
de Lille en 1952. Ces parcours, on peut les rattacher, les expliquer,
les éclairer à partir des outils d'analyse élaborés
par Abdelmalek Sayad. A côté des parcours des inconnus, l'historien
peut et doit s'intéresser aux itinéraires de ceux qui,
à un titre Ainsi se met en place, de manière naturelle,
un va et vient constant entre la lecture des archives, au fur et à
mesure de leur découverte, et les textes du sociologue. Les seconds
servent de repères et les premiers illustrent et montrent le
caractère opératoire des premiers. Peu à peu, le
lecteur pénètre une aeuvre complexe et riche et découvre
sans cesse de nouveaux outils lui permettant d'aller plus avant dans
l'exploration des archives et des témoignages. Mais le sommet de l'art est sans doute atteint dans
l'article intitulé " La lettre : A Madame, encore à boire
". S'il est un texte qui permet de prendre conscience de l'art du sociologue,
c'est bien celui-là. A partir d'une chanson de Slimane Azem,
le rossignol de Kabylie, Abdelmalek Sayad élabore une vision
saisissante de l'exil, de la solitude et de l'absence. II n'est pas
seulement un sociologue, il fait partie de ces écrivains dont
on emporte toujours un livre avec soi. J.R. G *Jean-René GENTY Inspecteur Général de l'Administration
de l'Education Nationale et de la Recherche Un tournant de la " Bataille
de Paris " : l'engagement de la Force de police
auxiliaire (20 mars 1960). Rémy Valat* Les sources d'archives citées en référence
appartiennent toutes aux fonds la série H " Guerre d'Algérie-Décolonisation
" des archives de la préfecture de police. Les photographies
proviennent de fonds privés et ont été reproduites
avec l'aimable autorisation du lieutenant-colonel Raymond Montaner.
Les investigations dans les archives ont été complétées
par la collecte de témoignages . 1. Les sources et état de la question. Le contexte parisien de la guerre d'Algérie
n'est essentiellement connu qu'au travers du prisme déformant
des événements d'octobre 1961. Les manifestations des
17, 18 et 20 octobre 1961 ont fait l'objet de diverses publications
et de travaux universitaires ou journalistiques . Les auteurs de ces
écrits s'intéressent principalement à la situation
particulière des derniers mois du conflit à Paris, au
déroulement des manifestations et au nombre des victimes à
attribuer à la police ou aux règlements de comptes entre
le Mouvement nationaliste algérien (MNA) et le Front de libération
nationale (FLN). En périphérie de ce sujet controversé
se situe la Force de police auxiliaire, unité supplétive
rattachée à la préfecture de police vivement critiquée
dès les premiers mois de son engagement . L'accès généralisé
aux archives de la guerre d'Algérie et les premiers travaux de
M. Jean-Paul Brunet et de Melle Linda Amiri ont ouvert la voie. Ces
chercheurs abordent partiellement le sujet, mais sans l'approfondir,
car celui-ci se situe en périphérie du thème principal
de leurs recherches. Ces derniers ont eu l'accès pour leur rédaction
aux dossiers des archives du cabinet du préfet et du Service
de coordination des Affaires algériennes, conservés par
le service des archives et du musée de la préfecture de
police, et qui constituent l'essentiel de la documentation utilisée
pour cet article. N'ayant pu jusqu'à présent consulter
les archives de la Fédération de France du FLN, probablement
dispersées dans divers fonds privés, l'analyse du comportement
interne du Front ne s'appuie que sur quelques rapports et documents
saisis par la police. Néanmoins, les précieux témoignages
de policiers auxiliaires permettent un éclairage sur ce point,
puisque certains d'entre eux - ceux résidant en région
parisienne - cotisaient sous la contrainte et ont appartenu de facto
à l'organisation. Le récit des officiers et des hommes
de cette unité sont d'un apport inédit : ils complètent
avantageusement le contenu, pourtant très complet, des archives.
La minutieuse confrontation des témoignages et des archives publiques
ouvre un chantier historique en grande partie inexploré qui pourrait
lever le voile sur la " Bataille de Paris " en la situant dans son exacte
durée historique, mais aussi et surtout en dépassant l'aspect
douloureux, mais scientifiquement restrictif, des violences à
impartir aux deux camps en lutte. L'affrontement entre la Force de police
auxiliaire et les groupes armés du Front de libération
nationale s'est déroulé dans une ville qui saisit mal
la réalité de cette guerre. Il existe d'une part des militants
algériens et des policiers auxiliaires qui se livrent à
un combat sans merci et d'autre part, une population qui en perçoit
les échos ou assiste parfois aux manifestations de violence des
belligérants sans réellement les comprendre. 2. Le contexte parisien de la guerre d'Algérie. A partir de 1956, la préfecture de police
cherche à démanteler l'organisation politico-administrative
(OPA) du FLN dans le département de la Seine. Les services actifs
de la police parisienne parviennent, en collaboration avec la Direction
de la Sûreté du Territoire (DST), à désorganiser
temporairement le parti nationaliste, sans l'anéantir. Les arrestations
de cadres supérieurs de l'OPA, bien que spectaculaires, demeurent
sans effet face à une structure sans cesse renaissante. Ainsi,
l'arrestation de Tahar Arkoub et des dirigeants de la wilaya de Paris-Centre
en novembre et décembre 1959 décapite provisoirement l'organisation
dans la capitale. Ces opérations permettent la saisie de documents
importants et l'arrestation de militants par la DST et la préfecture
de police. Mais le mouvement parvient à se structurer à
nouveau et à promouvoir de nouveaux cadres. Uniquement orientés
vers la répression des manifestations du nationalisme algérien
(attentats, manifestations sur la voie publique, grèves
),
le gouvernement et la préfecture de police n'apportent pas de
solution à ses motifs. La police parisienne ne fait pas son profit
des avantages conférés par les divisions qui opposent
les deux branches rivales de l'indépendantisme algérien
- FLN et MNA. Entre les mois d'août et décembre 1957, période
paroxystique du conflit entre nationalistes, le FLN s'impose militairement
sur le MNA en métropole. L'affaiblissement du MNA est également
sensible dans le département de la Seine. Le mouvement perdure
difficilement en province, où le messalisme conserve quelques
bastions , mais dans la capitale, le MNA est réduit à
la défensive, dans des secteurs d'implantation réduits
. Cette guerre civile fera en France, selon les chiffres officiels,
entre le 1er janvier 1956 et le 23 janvier 1962, 10 223 victimes (dont
3 957 tués) . Ces affrontements prennent la forme, selon le vocabulaire
nationaliste et policier, de sanctions et de règlements de comptes
internes entre les deux partis nationalistes. 3. La préfecture de police et la guerre
subversive : de l'émergence de la stratégie ternaire à
la nécessité de constituer une force de police supplétive
(1956- juillet 1959). A partir de 1956, la préfecture de police
adopte une stratégie défensive alliant la collecte d'informations
sur les organisations nationalistes - reposant sur la divulgation de
renseignements internes par des indicateurs - et l'arrestation des cadres
et des militants du FLN et du MNA. En collaboration avec le Service
de coordination des informations nord-africaines du ministère
de l'Intérieur (SCINA) , la préfecture de police transmet
et reçoit des renseignements - en provenance parfois des départements
métropolitains et algériens - concernant les membres des
organisations nationalistes agissant dans sa circonscription administrative.
Le volet répressif est confié à la Brigade des
agressions et des violences (BAV) de la direction générale
de la Police judiciaire, unité créée en 1953, qui
se spécialise progressivement dans la prévention et la
répression de la délinquance et du nationalisme nord-africain.
La BAV bénéficie, au même titre que l'ensemble de
la police métropolitaine, d'un renforcement de ses moyens légaux
en matière répressive, par l'application de la loi du
26 juillet 1957, qui élargit les pouvoirs spéciaux, jusqu'alors
exercés en Algérie, à la métropole. L'exécution
des dispositions de ce texte se traduit, en matière de police
judiciaire, par un pouvoir de perquisition diurne et nocturne et d'assignation
à résidence des personnes suspectées déjà
sanctionnées par une condamnation pénale (néanmoins
celle-ci doit être postérieure à la date de promulgation
de ladite loi). Jusqu'en 1958, la préfecture de police utilise
une stratégie binaire reposant sur le diptyque renseignement/répression,
lui même assis sur la possibilité d'un éloignement.
Ce dernier n'est pas préventif, il vient sanctionner un délit. En mars 1958, le nouveau préfet de police,
Maurice Papon, réorganise promptement les services en appliquant
une doctrine plus adaptée au domaine de la guerre subversive.
Les mouvements nationalistes aspirent à contrôler une population
immigrée source de revenus pour le mouvement, mais également
- et surtout - source de légitimité politique. L'enjeu
pour chacun des protagonistes est le contrôle, voire l'adhésion
volontaire ou forcée des 150 000 Algériens résidant
et travaillant dans le département de la Seine. A cet effet,
le préfet de police adopte une stratégie de reconquête
de la population, inspirée des méthodes de guerre psychologique
utilisée en Algérie et auparavant, en région parisienne
par le Service de surveillance et de protection des indigènes
nord-africains (SAINA), service de la préfecture de police, créé
en 1926 et dissous en 1945 . Maurice Papon développe une stratégie
en trois volets : 2) L'action répressive. 3) La neutralisation par l'éloignement
des nationalistes les plus actifs et la protection des personnes menacées
de mort par le FLN. L'action psychologique et sociale s'organise, sous
forme embryonnaire, à partir du mois de juin 1958 . La préfecture
de police effectue des opérations inédites de contrôle
de salubrité dont le souci est autant de veiller aux conditions
sanitaires des immigrés que de contrer l'action des comités
d'action sociale et d'hygiène du FLN. Après une première
expérience dans le 15ème arrondissement (où est
installée une permanence d'aide administrative et sociale), il
est décidé d'étendre à l'ensemble de la
métropole un service d'action psychologique coordonné
par une structure idoine. Le Groupe de travail et d'action psychologique
(GAP) , créé à l'initiative de la présidence
du Conseil, est à l'origine de la constitution du Bureau de renseignement
spécialisé (BRS), puis du Service d'assistance technique
aux Français musulmans d'Algérie (SAT-FMA) à la
préfecture de police, et plus généralement de la
mise en place pour l'ensemble du territoire métropolitain du
Service d'assistance technique (SAT) . Bien que chargés d'une
action de surveillance et de contrôle , les 4, puis 6 après
octobre 1959, bureaux de secteurs du SAT-FMA veillent aussi au bien
être des populations en leur facilitant notamment la délivrance
de documents administratifs (cartes d'identités, passeports,
autorisations de voyage vers l'Algérie
) et en octroyant
des aides financières, voire en aidant les sans emplois à
trouver un travail. Le commandement de ce service et des antennes de
secteur est confié à des officiers des Affaires algériennes,
détachés auprès du préfet de police. D'une
manière générale, Maurice Papon substitue au concept
panoptique (et unilatéral) de la surveillance et du renseignement
le concept synoptique du renseignement par l'action psychologique et
sociale. Dans un souci de meilleure collaboration des services
et d'efficacité, reprenant ainsi le projet non retenu à
l'origine de la constitution du SCINA d'adjoindre un volet répressif
à son action de renseignement, le préfet de police ratifie
le 23 août 1958 l'arrêté de création du Service
de coordination des affaires algériennes (SCAA). Sous la direction
du cabinet du préfet, le SCAA coordonne à partir de cette
date l'action des services - existants et nouveaux -spécialisés
dans la lutte contre le nationalisme algérien. Outre le SAT-FMA
et la section de renseignement , le SCAA supervise les opérations
d'unités actives : la BAV et ses deux sections (enquêtes
et voie publique), la 8ème brigade territoriale (8ème
BT), unité territoriale de police judiciaire, les équipes
spéciales de district (composée d'éléments
en civil chargés de la surveillance des milieux musulmans), et
à partir du 1er décembre 1959, la Force de police auxiliaire
(FPA), appelée également Force auxiliaire de police (FAP)
. A partir de la promulgation de l'ordonnance du 7
octobre 1958, le préfet de police bénéficie du
pouvoir d'internement préventif des " individus dangereux pour
la sécurité publique, en raison de l'aide directe ou indirecte
qu'ils apportent aux rebelles des départements algériens
". A ce titre, le SAT-FMA est chargé de la gestion administrative
des centres d'internements (c'est-à-dire le centre de Vincennes)
et de leur inspection à la demande du ministère de l'Intérieur
(pour les centres de Vadenay et de Saint Maurice l'Ardoise). Il veille
aussi à la protection des individus menacés par le FLN,
et à ce titre administre un centre regroupant cette catégorie
de personnes au fort de Nogent. La particularité du SCAA est d'intégrer
les trois volets de la nouvelle stratégie. Cette intégration
est le principal atout de ce service ; elle permet structurellement
l'exploitation quasi-immédiate des informations recueillies par
l'exécution rapide d'opérations de police, et la neutralisation
des nationalistes les plus actifs par l'internement administratif ou
l'éloignement. Le principe de coordination des services dans
le cadre de la lutte anti-terroriste inspiré par le SCAA, sera
repris dans les mois suivants par la préfecture de police et
le ministère de l'Intérieur dans le cadre de la lutte
contre l'Organisation de l'Armée secrète (OAS). Le service
ad hoc, créé en décembre 1961, sera baptisé
: Bureau des liaisons (BDL) . Le principe de coordination des services
en matière de renseignement est un phénomène récurent
de la période du conflit algérien . Cependant, entre août 1958 et mars 1960, cette
doctrine ne permet pas l'obtention des résultats escomptés,
et ceci malgré l'amélioration de l'efficacité des
services actifs du SCAA, constatée en 1959. La préfecture
de police ne parvient pas à prendre l'initiative. La transition
se concrétise en mars 1960, avec l'engagement d'une force supplétive
de police de recrutement arabe et kabyle. Cette unité devient,
dès son activation, le fer de lance du SCAA. Les raisons de son
efficacité sont multiples, mais la principale est structurelle
: la police supplétive est la concentration, en une seule formation,
de la presque totalité des procédés opérationnels
de son service de tutelle. Elle regroupe à elle seule les trois
volets de la stratégie ternaire. Outil de renseignement et d'action
psychologique, elle infiltre efficacement les réseaux du FLN
et organise des réunions de propagande dans les cafés
arabes. Outil répressif, elle met sur pied des opérations
de police dans la capitale (patrouilles et rafles). Outil de neutralisation,
elle assure en outre le transfert des interpellés au centre d'internement
de Vincennes, et veille, par l'intégration dans ses rangs, à
la protection des individus menacés (souvent des anciens cadres
du FLN ralliés ou des personnes ayant communiqué des renseignements).
Egalement conçue comme une unité de lutte anti-terroriste
et d'infiltration, la police auxiliaire voit ses pouvoirs légaux
limités à ceux de la police municipale, ce qui, au lieu
de lui ôter des prérogatives, lui confère au contraire
une plus grande capacité opérationnelle (notamment en
matière de contrôle dans les lieux publics). Néanmoins,
cette unité est conçue pour opérer en toute légalité
dans le cadre du SCAA. En effet, l'exploitation des renseignements réunis
par la police auxiliaire nécessite obligatoirement une validation
judiciaire ce qui explique la participation conjointe de la BAV ou de
la 8ème BT lors des perquisitions. C'est pour ces raisons que,
la FPA est constituée au cours de l'été et de l'automne
1959. Elle est l'aboutissement de la nouvelle doctrine de la préfecture
de police, que nous appellerons la " stratégie ternaire intégrée
". 4. La genèse de la Force de police auxiliaire
: du bidonville de Nanterre au fort de Noisy (juillet 1959-mars 1960). La FPA est un makhzen, c'est-à-dire un élément
de police supplétive composé de mokhaznis, recrutés
comme fonctionnaires contractuels et chargés d'assumer des opérations
de police sous les ordres d'officiers des Affaires algériennes.
Charles-Robert Ageron définit ces unités comme des groupes
semi-militaires en charge de la protection des sections administratives
urbaines (SAU) sous la direction de l'administration civile française
des Affaires algériennes . A l'identique, le makhzen parisien
dépend administrativement du Secrétariat général
des Affaires algériennes, c'est-à-dire directement du
cabinet du Premier ministre, et mis à la disposition du préfet
de police pour les aspects opérationnels. La FPA doit également
compléter l'action psychologique et sociale du SAT-FMA. Cependant,
cette création ne constitue pas un précédent. Déjà,
en avril 1956, le ministre-résidant Robert Lacoste fixa, à
l'aide d'une circulaire, les règles de création et d'organisation
de cette catégorie de policiers ayant une mission de maintien
de l'ordre. En métropole, le préfet de la Drôme,
Ghisolfi, constitua à Valence, dès 1957, une formation
de policiers supplétifs algériens en civil . L'idée de constituer une Force de police
auxiliaire appartient au capitaine Raymond Montaner, chef du 1er secteur
du SAT-FMA à Nanterre. Ce dernier, ancien officier de spahis
, conseillé par un habitant du bidonville de Nanterre développa
l'idée de l'organisation d'une " harka " . L'officier fît
part de son projet au capitaine Cunibile, l'adjoint du commandant du
SAT-FMA, et aux cinq autres chefs de secteurs, lors d'un entretien informel
consécutif à une des réunions hebdomadaires des
officiers du SAT . Peu après, il rédige un exposé
des motifs détaillé qu'il adresse à l'état-major
du SAT-FMA, le 5 juillet 1959. Son mémoire intitulé "
Destruction de l'organisation rebelle dans le département de
la Seine. Une solution, la seule ! " détaille les orientations
souhaitables pour donner l'initiative aux forces de l'ordre. Ce rapport
met l'accent sur la nécessité de détruire l'organisation
répressive du FLN qui entrave l'action psychologique et sociale
initiée par la préfecture de police. Il propose dans ce
but la constitution d'une force de police supplétive chargée
de contrer le bras armé du FLN : l'organisation spéciale
(OS) . Le makhzen serait composé d'agents doubles, l'équipe
invisible et de compagnies apparentes, en uniforme, positionnées
dans les quartiers à forte implantation nord-africaine. Le 29
juillet 1959, le préfet de police adresse au ministre de l'Intérieur,
un projet reprenant cet exposé. Le 18 septembre suivant se tient
au cabinet du Premier ministre, Michel Debré, une réunion
à laquelle participe Maurice Papon. Le Premier ministre accepte
la constitution de l'unité, mais en limite le budget de fonctionnement
et les effectifs : le " Service de protection des travailleurs algériens
dans la métropole " - appellation initiale de la Force de police
auxiliaire - doit tout d'abord être expérimenté
dans le département de la Seine avant d'être étendu
à l'ensemble du territoire. La police supplétive, à
l'instar des SAT un an auparavant, doit être expérimentée
dans le département de la Seine avant toute application nationale.
Lors du conseil interministériel du 28 septembre 1959, la création
de l'unité est confiée au préfet de police en liaison
avec le Secrétariat général aux Affaires algériennes
. Le projet est retenu notamment en raison de son caractère "
absolument complémentaire du refoulement sur l'Algérie
" . Au cours de l'automne 1959, le makhzen est en cours de constitution.
Un premier contingent de policiers auxiliaires est recruté en
Algérie (principalement à Alger). Coïncidence ou
volonté opérationnelle, cette création est concomitante
aux tentatives visant à employer des musulmans contre le FLN
en métropole . Le capitaine Montaner ne semble pas être
informé des divers projets de l'entourage du Premier ministre
à ce sujet . La décision n°5096 du 25 novembre 1959
du secrétariat général pour les Affaires algériennes
décide qu'un contingent de " 400 agents contractuels musulmans
" sera mis à partir du 1er décembre 1959, à la
disposition du préfet de police. Ce rattachement administratif
témoigne du contrôle direct que souhaite avoir le cabinet
du Premier ministre, via le Secrétariat d'Etat des Affaires algériennes
qui lui est rattaché, sur cette force supplétive embryonnaire
d'une " troisième force ". Le 28 décembre 1959, le premier
détachement de 92 hommes (dont 82 recrutés à Alger
- pour la plupart du Clos Salembier, ancienne SAU du capitaine Montaner
- et 10 en région parisienne) est installé au fort de
Noisy à Romainville. L'instruction commence le 4 janvier 1960.
La constitution de la FPA inquiète l'état-major parisien
du FLN qui met en uvre des opérations de renseignement
pour connaître l'organisation de l'unité. Des agressions
sont commises contre les policiers auxiliaires en permission. Un stagiaire
sera gravement blessé par balle à la tête en février
1960, non loin de la place Pigalle , un autre retrouvé mort dans
la Seine . L'entraînement s'accompagne d'opérations ponctuelles
visant à tester la valeur opérationnelle des supplétifs.
Le 17 mars 1960, un groupe de policiers auxiliaires participe à
une opération combinée en collaboration avec la police
municipale dans les localités de Montreuil et de Bagnolet. Après
les premières opérations d'infiltration, l'unité
visible peut être engagée. 5. L'engagement de la Force de police auxiliaire
: prise d'initiative et démantèlement de la région
1 221. Le démantèlement de la région
1221, sise dans le quartier de la Gare (13ème arrondissement),
est dicté par les gains psychologiques que la préfecture
de police espère retirer, en amenuisant l'emprise du FLN sur
un quartier à forte implantation musulmane, qui fut parmi les
premiers à être gagné à la cause du nationalisme
algérien . Son but principal est d'interrompre les collectes
financières du FLN dans l'arrondissement. S'appuyant sur de nombreuses
informations regroupées par la section de renseignement, probablement
à partir des archives de la wilaya de Paris-Centre récupérées
en décembre 1959, le préfet de police espère déstabiliser
l'adversaire par le caractère soudain et imprévu d'une
implantation de la FPA dans ce quartier. Cette opération est
un essai, la préfecture de police évite dans un premier
temps de mener une action directe contre la zone 1112 du 18ème
arrondissement (quartier de la Goutte d'Or). L'opération dans
le 13ème arrondissement est la première effectuée
par la FPA, et doit pour cela être menée dans des conditions
optimales. La faiblesse numérique de l'unité et la crainte
d'une usure rapide, imposent ce choix. Il s'agit d'une opération
test . Le 13ème arrondissement correspond dans l'organisation
administrative du FLN à la région 1.221 . Celle-ci comporte
" 3200militants, adhérents et sympathisants (sur une population
algérienne de 3 500 à 4000 individus) répartis
en 7 secteurs, 17 kasmas, 49 sections, 115 groupes, 64 fractions et
environ 660 cellules. Les commerçants, au nombre de près
de 170, soit la presque totalité des exploitants algériens
de cafés-hôtels-restaurants (24), cafés-hôtels
(36), hôtels (13), cafés-restaurants (11), cafés
(10), épiceries (17), coiffeurs (6) ainsi que les marchands ambulants,
artisans, chauffeurs de taxis, etc
sont organisés en 3
sections, 7 groupes et 33 cellules. La population algérienne
de l'arrondissement étant estimée à 3700 personne,
y compris femmes et enfants, on peut admettre que plus de 70% d'entre
elles apportent volontairement ou non leur cotisation au FLN. La somme
collectée au mois de novembre dernier se serait élevée
à près de 20 millions d'anciens francs répartis
comme suit : - Dons : près de 8.000.000. de francs, - Amendes : 135.000. francs, - Versement des commerçants : 2.230.000.
francs . Le contexte stratégique est également
favorable. La nouvelle orientation politique du chef de l'Etat et les
contacts pris par celui-ci avec des représentants du FLN laisse
à l'état de latence le danger terroriste. La relative
accalmie est propice à l'installation de la nouvelle unité.
Mais elle n'est pas sans risque, puisque l'organisation spéciale
ne cesse, malgré les nombreuses saisies d'armes, de pourvoir
à son ravitaillement et à son recrutement. C'est pourquoi, le dimanche 20 mars 1960, entre
4 heures et 5 heures et quart du matin, la FPA s'installe dans des hôtels
bastions du FLN dont les locataires ont été évacués
par la police municipale pendant la nuit. Lors de l'implantation, une
centaine de policiers auxiliaires s'installent dans six hôtels
frappés par une mesure administrative de fermeture . La police
municipale protège la zone, tandis que les policiers auxiliaires
prennent sommairement possession des locaux et détachent les
premières patrouilles de reconnaissance dans le secteur qui leur
est assigné . Les effectifs se divisent par groupes de trois
: le premier groupe protège le lieu de cantonnement de la section,
le deuxième est de service dans la rue dans sa zone d'opération
et le dernier est de repos . L'offensive se déroule en deux temps :
- La deuxième phase, est celle de l'exploitation
de l'offensive par la désorganisation des bases arrières
de proximité de l'arrondissement, notamment le 14ème
arrondissement et Vitry-sur-Seine, et à l'exécution
d'une série d'opérations d'infiltrations et de patrouilles
dans des arrondissements parisiens de plus en plus éloignés
du 13ème arrondissement et de Romainville . La neutralisation s'opère dès les
premiers jours. La FPA limite son action visible aux contrôles
d'identité et à l'envoi à l'antenne SAT des personnes
en situation irrégulière . En revanche, l'activité
parallèle est promptement efficace. Dès le 21 mars, trois
membres de l'organisation nationaliste sont arrêtés . Pendant
la nuit du 23 au 24 mars, des descentes dans les hôtels et meublés
de l'arrondissement, conduites en collaboration avec la BAV, permettent
grâce aux indications fournies par un cadre frontiste, l'interpellation
de six membres de l'OPA et la saisie de documents importants . Ces rafles
obligent les cadres de l'organisation à quitter l'arrondissement
. Bénéficiant de l'effet de surprise et d'informations
préalables, le capitaine Montaner met immédiatement en
place un réseau d'informateurs et donne une grande liberté
d'action à chacun de ses chefs de sections pour obtenir un maximum
de renseignements auprès des gérants d'hôtels. Les
chefs de section retournent, selon le vocabulaire policier, quelques
individus transmettant des informations d'ambiance . Ces infiltrations
donnent des résultats probants. Ces agents placés dans
les hôtels et dont la collaboration est souvent spontanée
apportent quotidiennement des renseignements. Les indicateurs sont majoritairement
des commerçants et des gérants d'hôtels : sur une
liste de 7 indicateurs, dont la profession a pu être clairement
identifiée par les officiers de la Force de police auxiliaire,
4 sont gérants de cafés-hôtels, 1 est épicier
et 2 travaillent dans le secteur secondaire . En un mois, la désorganisation,
qui s'accélère à partir du 23 avril, affecte les
structures locales du FLN . Les arrestations initiales, et les indications
obtenues à leur suite, ont un effet accélérateur
du démembrement, car la plupart des interpellations entraînent
à leur tour des " dénonciations en chaîne " . Ainsi,
" dans la journée du 25 [avril], trois sections de kasmas
différentes ont été anéanties en exploitant
les renseignements obtenus à la suite d'une arrestation unique.
D'autre part, le ralliement d'un chef de section a permis de localiser
immédiatement, l'implantation de son unité et de connaître
les noms et adresse du chef de kasma, ainsi que ceux d'autres chefs
de sections " . Les ralliements sont importants : trois cadres subalternes
du FLN collaborent avec la police auxiliaire. Certains d'entre eux,
dont le chef de secteur du 14ème arrondissement, seront intégrés
dans la FPA. Après l'arrestation, les interrogatoires
permettent, auprès des militants peu coopératifs, de recueillir
des données sur l'organisation nationaliste. Toutefois, ces derniers
ne peuvent être menés avec une efficacité optimale
en raison du grand nombre d'arrestations quotidiennes effectuées
sur la voie publique ou lors d'opérations de police. Les interpellés
sont rapidement interrogés, et brièvement détenus,
au poste de commandement du 9, rue Harvey, puis orientés vers
le centre d'internement de Vincennes. Le volume des arrestations et
la rapidité des opérations sont tel que le commandant
de l'unité estime nécessaire la reprise des interrogatoires
pour obtenir des " dénonciations plus détaillées
" . Patrouilles, infiltrations, interrogatoires, la
Police auxiliaire mène une lutte organisée et totale contre
l'organisation du FLN. Mais le volet répressif s'accompagne d'une
action psychologique à destination de la population du quartier,
libérée de la contrainte financière de la collecte.
Des policiers, Algériens comme eux, sont détachés
par équipes dans les débits de boissons " arabes ", souvent
dans les lieux mêmes des réunions nationalistes, et amorcent
le dialogue en développant des arguments de contre-propagande
. Des réunions plus importantes, sont organisées par le
capitaine Montaner, ses officiers adjoints et ses chefs de sections,
dans les cafés à clientèle musulmane . Cette mesure
est habile puisqu'elle touche aux racines mêmes du nationalisme
algérien en métropole : les réunions dans les cafés
étaient un des vecteurs de la diffusion du messalisme pendant
l'entre-deux-guerres . Le commandant de la FPA privilégie également
les contacts directs avec l'homme de la rue, car les informations qu'il
délivre sont plus rapidement exploitables que celles recueillies
au centre d'internement de Vincennes . Le retour des renseignements
du CIV entraînant des réactions répressives tardives,
qui laissent un délai de fuite aux personnes recherchées.
Les résultats obtenus sont prometteurs, les relations avec la
population, moins soumise à l' impôt révolutionnaire,
paraissent s'améliorer. En revanche, quelques incidents se produisent
avec des ressortissants tunisiens, des Algériens ou des métropolitains,
ces derniers répugnant à être contrôlés
par " une police algérienne " . Cette amélioration des
contacts se traduit par une recrudescence des visites : des informateurs
bénévoles se présentent au poste de commandement,
les demandes d'engagement, de service, de renseignements ou de protection
affluent . Optimisant son offensive, en dépit d'un déficit
chronique d'effectifs , le capitaine Montaner redéploie son unité
de manière à infiltrer et à désorganiser
les bases arrières du 13ème arrondissement (c'est-à-dire
le 14ème arrondissement à compter du 22 avril et la banlieue
sud). Il organise aussi une série d'opérations ponctuelles
à l'aide de " sections mobiles ", le plus souvent des patrouilles
et des coups de mains sur l'ensemble du département de la Seine
(notamment à Nanterre, Puteaux, Clichy, Barbès
)
. Les opérations sont organisées principalement dans Paris
: les arrondissements visés sont, à partir du début
du mois de juin 1960, les 12ème et 15ème, et ceci en raison
de leur immédiate proximité avec les arrondissements contrôlés
par la police auxiliaire. Des opérations avec des agents en civil
se déroulent dans le 18ème arrondissement en mai 1960.
Ces dernières créent, selon le premier rapport établi
par le commandant de la FPA, un " effet d'insécurité "
parmi les militants de l'arrondissement . Les premiers résultats
positifs entraînent la généralisation de ces opérations
: les agents sont utilisés pour attirer l'adversaire, le conduire
à la " faute ", ou bien en organisant des incidents concertés
dans les cafés et hôtels arabes . Le déploiement
de nombreux agents en civil est un atout psychologique nécessaire
pour créer un climat de suspicion, mais également pour
induire l'adversaire en erreur sur les effectifs réels de la
police auxiliaire. Cependant, la pratique la plus efficace reste l'infiltration
d'agents, appartenant ou non à la Force de police auxiliaire,
au sein de la OPA et de l'OS. Certaines d'entre elles réussissent,
puisque certains agents participent à des attentats contre la
police auxiliaire, pour mieux masquer leur double-jeu . D'autres cependant,
échouent et ces agents infiltrés sont exécutés
ou sont contraints de rallier le FLN, voire l'ALN en Algérie
. Ces " agents en civil hors cadre " sont systématiquement pourchassés
aussitôt identifiés . 6. La riposte du FLN. L'effet de surprise semble paralyser la réaction
du FLN dans le 13ème arrondissement. Néanmoins, l'absence
de réaction armée jusqu'au 23 octobre 1960 ne signifie
pas une renonciation à la continuation de la lutte. Par mesure
de prudence, les cadres locaux quittent rapidement l'arrondissement
et suspendent leur activité. Ce choix dicté sous la contrainte
des événements conduit l'état-major parisien à
opter pour une stratégie d'attente : elle cède du terrain
pour mieux se réorganiser sur ses bases arrières de proximité.
Cette orientation tactique nuit à l'action de la Force de police
auxiliaire qui est partiellement annihilée. En outre, elle laisse
en suspens l'éventualité d'un retour de l'OPA dans l'arrondissement
après le départ du makhzen . Malgré le repli apparent,
et ceci malgré les patrouilles incessantes, la collecte mensuelle
a lieu le 27 mars 1960 à proximité de la station de métro
" Maison Blanche " . Continuant l'application des premières directives
prises à l'encontre de la Force de police auxiliaire, le Front
multiplie les recherches d'informations et les tentatives de prises
de contacts individuels avec les moghaznis, afin d'obtenir des ralliements
individuels ou collectifs, voire pour attenter à la vie des officiers
de l'unité . Isolément, des hommes essayent de reconnaître
des visages connus sous les calots ou esquissent des rencontres pour
persuader un ou plusieurs policiers auxiliaires de quitter la formation
supplétive. En 1960, ces manuvres ne permettent que de
rares ralliements individuels, dont il est difficile d'attester l'exactitude
. Néanmoins à aucun moment, la cohésion de la Force
de police auxiliaire ne sera sérieusement menacée. Toutefois,
quelques rapports saisis lors d'opérations de police laissent
supposer la présence dans la FPA de policiers favorables ou bien
ralliés au FLN , voire au MNA . D'autres indices laissent supposer
que le FLN était informé de l'imminence de l'implantation
dans le 13ème arrondissement. Plus violemment, mais avec autant de discrétion,
l'exécution systématique des indicateurs de la police
auxiliaire est organisée. Neufs indicateurs (trois résidant
dans le 14ème arrondissement et les autres dans le 13ème)
coopérant avec la Force de police auxiliaire sont identifiés
par le Front en juin 1960. Un ordre de " les liquider d'urgence " est
donné. Sept d'entre eux seront victime d'un attentat entre la
fin mai et le début juin 1960 : cinq (ou six) seront mis à
morts et un ou deux blessés. La plupart sont tués par
balles, lors d'exécutions sommaires sur la voie publique, et
l'un d'entre eux est étranglé . Les policiers auxiliaires
sont également, individuellement, victimes d'attentats en permission
ou en patrouille. Néanmoins, la principale contre-mesure usitée
par le FLN est le recours, selon le vocabulaire de la préfecture
de police, à une campagne diffamatoire. Son but est d'émouvoir
l'opinion publique et d'obtenir la dissolution de l'unité . Des
informateurs du 6ème secteur SAT signalent l'ébauche d'une
telle campagne. Ainsi, " des responsables frontistes et des militants
bien choisis du foyer de Vitry - 45, rue Rondenay - ont reçu
les consignes de déclarer dans les cafés et lieux publics
qu'ils ont subi des exactions, ont été spoliés
d'un portefeuille, d'une montre [
] et ont été
l'objet de violences de la part de la " police algérienne " ".
La Bataille de Paris, ainsi que l'appelle le FLN et ses sympathisants,
est également un affrontement politique entre les différents
partis ou tendances favorables ou hostiles au mouvement indépendantiste
algérien. La presse et les débats au Conseil de Paris
permettent la confrontation des opinions entre les partisans et les
détracteurs de la police auxiliaire. La manipulation de l'information
concernant l'action de la Force de police auxiliaire est aussi bien
l'apanage de ses partisans, qui insistent sur l'efficacité de
l'unité, que de ses détracteurs, qui dénoncent
la brutalité des supplétifs. La campagne se développe
crescendo. Tout d'abord, le Collectif d'action du 13ème arrondissement
pour la Paix en Algérie envoie une délégation contestataire
auprès du capitaine Montaner, ensuite une série de communiqués
de presse impliquant la Force auxiliaire de police sont diffusés
dans l'Humanité, Libération, Le Monde et France Soir.
Une démonstration, regroupant 500 personnes, organisée
par les Partisans de la non violence se tient le 30 avril 1960 devant
le CIV . Puis, le 2 mai 1960, une question écrite de Claude Bourdet,
conseiller municipal PSU du 13ème arrondissement, attire l'attention
du préfet de police sur les dangers que représente pour
les riverains l'installation de l'unité dans son arrondissement.
Il sollicite de plus amples précisions sur le fonctionnement
et les attributions de la FPA et souhaite également connaître
les conditions d'interpellation, de détention et d'interrogation
des suspects. La question est très allusive et ouvre le débat
sur la torture dans les caves des hôtels réquisitionnés.
A ceci s'ajoutent des plaintes diverses pour vols et violences. Ces
accusations, fondées ou non, s'intègrent dans la propagande
du FLN, et sont relayées par la presse sympathisante de l'Algérie
indépendante. Il est difficile pour l'historien d'apporter une
réponse définitive à cette interrogation dans le
cadre d'un article. Cependant il est exact, au regard des différents
documents relatifs à la police auxiliaire, que la violence physique
faisait partie du lot quotidien de l'unité. Menacé par
les attentats, l'attrition physique et morale , le policier auxiliaire,
sans pour autant que cela soit une généralité,
recourt à la force et à la violence lorsqu'il est en opération.
Une violence normalisée dans le cadre d'une interpellation policière
menée dans le contexte de la guerre subversive. Mais celle-ci
est rarement gratuite. Le capitaine Montaner encadre fermement ses hommes.
Les agents les plus violents ou les moins honnêtes sont systématiquement
licenciés . Ces éléments indisciplinés participent
indirectement au discrédit de l'unité, car leurs exactions
profitent aux détracteurs de la police auxiliaire qui s'en font
l'écho auprès de l'opinion publique. En revanche, les témoignages recueillis auprès
des policiers auxiliaires et des officiers de l'unité réfutent
les accusations de torture : la violence physique (coups divers, gifles
)
est reconnue lors des interpellations et des interrogatoires, mais elle
est l'ultime recours dans le second cas. L'interrogé subit en
règle générale une pression morale face à
des officiers bien informés sur ses activités. En outre,
la nécessité de reprendre les interrogatoires indique
l'absence de sévices ayant pour but l'obtention d'aveux complets
et immédiats. La plupart du temps, les cadres subalternes semblent
parler sans aucun recours à la contrainte . En revanche, la violence
physique est reconnue, notamment lors des arrestations . Le recours
à la violence est donc fréquemment, sauf exception, un
calcul tactique, voire une arme d'action psychologique. Le recours à
la raclée, ou dârba ?en arabe standard et dialectal, pratique
humiliante, a pour but de dévaloriser le collecteur de fonds
aux yeux des autres militants. Les réfractaires à la collecte
subissant une sanction équivalente, voire la condamnation à
mort, le caractère psychologique de la raclée vise à
démontrer la réversibilité des contraintes financières
et physiques du FLN. Les corrections font fonction de signaux d'avertissement
indiquant à la direction du FLN que les hommes clés de
son organisation ont été décelés au milieu
de la population du quartier . Toutefois, la presse se fait l'écho
des dommages subis par les prétendues victimes de sévices
corporels, ainsi que des dégâts matériels commis
dans les lieux publics par les policiers auxiliaires . L'historien s'interroge
sur le bien-fondé de ces plaintes, sachant que la consigne était
donnée aux militants interpellés de porter systématiquement
plainte pour sévices ou vol lorsque ces derniers étaient
arrêtés par la police . La déformation des faits
inhérente à la guerre psychologique et subversive traduit
mal une réalité porteuse d'une violence n'allant probablement
pas jusqu'à l'usage de la torture. La réaction armée contre les postes
de la police auxiliaire se produit le 23 octobre 1960, par l'attaque
concertée des postes des 13ème et 14ème arrondissements
par des groupes armés du FLN, soit sept mois après l'arrivée
de la FAP dans le 13ème arrondissement. Cette action différée
s'explique par le contexte politique. Les actions armées du FLN
sont en diminution dans la région parisienne pendant la période
des pourparlers de Melun, malgré l'opposition de la Fédération
de France . Et également, par l'action de la police auxiliaire,
qui par ses opérations incessantes, entrave le fonctionnement
des organisations locales du FLN de la rive gauche . Ensuite, les premières
manifestations de commandos algériens manipulés par le
SDECE contre l'organisation spéciale contraignent probablement
le Front algérien à riposter sur la partie émergée
de la " troisième force ". L'attaque occasionne le décès
de 2 membres des groupes de choc et la blessure de plusieurs d'entre
eux. La police auxiliaire compte 8 blessés. En dépit du
caractère organisé de l'agression, celle-ci n'occasionne
aucun dégât sérieux à l'unité et ne
porte pas atteinte à son moral. Elle permet en riposte l'exécution
d'une série d'opérations de police et de rafles et surtout
l'implantation de la Force de police auxiliaire, qui compte désormais
2 compagnies opérationnelles, dans le quartier de la Goutte d'Or
le 20 novembre suivant. 7. Les bilans de l'opération. Au début du mois d'avril 1960, les structures
locales du FLN semblent, au moins temporairement, désorganisées.
Le nombre des cotisants de la zone 1221 est en diminution selon les
statistiques de la police, mais reste constante dans les secteurs avoisinants
.Mais cette implantation, bien que localement efficace - puisqu' une
fraction de la population ébauche un début de résistance
au FLN -, ne permet pas l'éradication totale de l'OPA dès
la première attaque. Cette dernière conserve sa souplesse
originelle et sa faculté de renouvellement quantitative. Le renouvellement
des cadres locaux favorise l'avancée hiérarchique des
agents infiltrés, les divisions internes entre l'OPA et l'OS
et une perte qualitative du niveau de l'encadrement . En neuf mois,
l'unité obtient des résultats opérationnels appréciables
- en nombre d'interpellations - , bien qu'inférieurs à
ceux de la BAV , mais ne parvient pas à interrompre les collectes
financières sur une zone suffisamment élargie. Son intervention
suspend les prélèvements temporairement, mais ne réduit
pas significativement le nombre des cotisants dans l'ensemble du 13ème
arrondissement. En définitive, l'engagement de la FAP constitue
réellement le tournant de la Bataille de Paris. De par ses capacités
intrinsèques, son pouvoir d'adaptation et l'innovation tactique
et psychologique de son commandement, la police auxiliaire devient au
fil des mois l'unité offensive de la préfecture de police.
Ses redéploiements géographiques (l'implantation dans
le 18ème arrondissement le 20 novembre 1960 ou le retrait au
fort de Noisy les 29 et 30 juin 1961) correspondent aux grandes phases
de l'affrontement contre le FLN dans la capitale. L'activation de la
FPA occasionne aussi une recrudescence du terrorisme individuel contre
les forces de l'ordre, et la majorité des agressions sont progressivement
orientées contre elle. La particularité de l'affrontement
après le 20 mars 1960 est sa radicalisation. La population civile
métropolitaine ne subit pas directement cette guerre, les pertes
civiles, peu nombreuses, sont occasionnées par leur proximité
avec le lieu des échanges de coups de feu entre les forces de
l'ordre et les commandos nationalistes. En revanche, les éléments
engagés s'affrontent avec une grande opiniâtreté
: policiers auxiliaires et membres de groupes de choc font usage d'une
grande brutalité. Interrogatoires violents pour les premiers
et exécutions sommaires pour les seconds traduisent cette tendance.
La " Bataille de Paris " devient un conflit de basse intensité,
où s'oppose deux légitimités sur fond de guerre
subversive : l'Etat français et l'Etat algérien naissant,
représenté par le FLN. Dès son engagement, la FPA
est considérée par les nationalistes comme un danger opérationnel
et symbolique (en raison de son recrutement). C'est pourquoi, la FPA
est au cur de nombreuses plaintes et accusations. En définitive,
l'affrontement entre les policiers auxiliaires et les militants du FLN
est d'une portée politique forte puisqu'il oppose des hommes
de même origine. Cette lutte souligne le caractère dramatique
d'une guerre civile qui divise les acteurs d'une algérianité
en cours de construction et qui oppose le FLN aux messalistes, aux activistes,
manipulés par les services secrets français, du Front
Algérien d'Action Démocratique et aux policiers auxiliaires.
Le 20 mars 1960 constitue, à une échelle réduite
compte tenu de l'ampleur du conflit, un épisode supplémentaire
de la dramatisation du conflit franco-algérien. * Rémy VALAT est doctorant à l'université
de Paris I, sous la direction de Madame Danielle TARTAKOWSKY. Sujet
: la Force de police auxiliaire (1959-1962). Notes 1- L'auteur remercie pour leurs témoignages
: le lieutenant-colonel Raymond Montaner, ancien commandant de la Force
de police auxiliaire ; le chef d'escadron Pierre Buxeuil de Roujoux,
commandant en second et officier de renseignement de la Force de police
auxiliaire ; le chef d'escadron Loïc Le Béchu de Champsavin
; le colonel Roger Cunibile, ancien chef du Service d'Assistance technique
aux Français Musulmans d'Algérie. Nous remercions également
le capitaine Marc Géronimi, ancien capitaine du 4ème secteur
du Service d'assistance technique aux Français musulmans d'Algérie
(SAT-FMA) et correspondant du Front algérien d'action démocratique
(FAAD). Outre les témoignages des officiers susmentionnés,
deux autres personnes, dont un policier auxiliaire de la 1ère
section de la 1ère compagnie recruté à Alger, ont
accepté d'apporter anonymement quelques précieuses indications
pour cet article. 2- Pour l'essentiel Jean-Luc EINAUDI, " La Bataille
de Paris, 17 octobre 1961 ", Seuil 1991, Jean-Paul BRUNET, " Police
contre FLN, le drame d'octobre 1961 ", Flammarion, 1999, puis, " Charonne,
lumières sur une tragédie ", Flammarion, 2003 et les travaux
universitaires de Linda AMIRI sur la manifestation du 17 octobre 1961
et la Fédération de France du FLN. Mais également
Chouchane AMEL, mémoire de maîtrise intitulé " 17
octobre 1961 : charnier de l'oubli ", Grenoble, 1983. 3- Lire pour cela l'ouvrage de Paulette PEJU, "
Les harkis à Paris ", cahiers libres n°29, Maspero, 1961.
Réédition La Découverte Essais, 2000. 4- L'auteur effectue la recueil des témoignages
des anciens policiers auxiliaires. Cette enquête est mentionnée
par M. Jean-Paul BRUNET dans son dernier ouvrage traitant de la manifestation
de Charonne, page 56. Il convient de préciser que celle-ci est
effectuée dans le cadre d'un doctorat et non par le service historique
de la préfecture de police. 5- Notamment la wilaya Nord-Belgique, où
le nombre des cotisants croît en 1958-1959. La région Nord
s'appuie sur une population depuis toujours fidèle à Messali
HADJ. Et la Belgique, " base arrière " du MNA, principalement
pour les transferts de fonds. 6- Principalement dans le XIXème arrondissement
(quartiers de la Villette et Combat), et dans une moindre mesure à
Saint Ouen et Levallois-Perret en 1959. Jacques VALETTE, " La guerre
d'Algérie des Messalistes ", Histoire et Perspectives Méditerranéennes,
L'Harmattan, 2001, P. 93 et 108. " Le problème algérien
dans la région parisienne. Activité des services de police.
Bilan de la lutte contre le terrorisme au 31 décembre 1958 ".
Dossier conseil interministériel du 24 mai 1960. HA/65. 7- Raymond MUELLE, " La guerre d'Algérie
en France (1954-1962), p. 303. annexe 2, collection Documents, Presses
de la Cité 1994. 8- Ce service centralisateur d'informations relatives
à l'immigration et au nationalisme nord-africain est chargé
de l'établissement de synthèses quotidiennes à
partir des transmissions faites par les administrations participant
à son fonctionnement : préfecture de police, gendarmerie,
Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE),
état-major général de la défense nationale,
le service des affaires musulmanes et de l'action sociale et le ministère
de la Justice. Il s'agit donc d'un service de coordination et non d'un
service opérationnel. 9- Ce service comportait de nombreux services à
vocation sociale collaborant avec leurs équivalents de la préfecture
de la Seine, et une unité de police active chargée de
la répression de la délinquance et du nationalisme nord-africain
: la Brigade nord-africaine (qu'il convient de ne pas confondre avec
la Légion nord-africaine, impliquée dans le massacre de
Tulle en 1944). Dossier " Brigade nord-africaine " Ha 88 ; Rémy
VALAT, " Introduction à la série H des archives de la
préfecture de police " ; Linda AMIRI, " L'immigration algérienne
dans le département de la Seine : entre encadrement, contrôle
et répression. La préfecture de police de Paris et le
Front de libération nationale, DEA, 2001-2002, pp.14-20. 10- Et ceci parallèlement à des opérations
de " brassage " de la population des garnis et hôtels algériens.
Ces dernières consistant à déplacer les locataires
dans le but de contrarier la comptabilité et la collecte du FLN.
11- Composé de représentants du ministère
de l'Intérieur, du ministère de l'Information, des Armées,
des Anciens Combattants, du Secrétaire général
des Affaires algériennes et du Centre de diffusion française.
Ha 47, SCINA, réunion du 30 juillet 1958, Linda AMIRI page 36. 12- Circulaire du Premier ministre du 13 juillet
1959. Le SAT est étendu à Marseille, Lyon, Saint Etienne
et en Seine-et-Oise. 13- Le 1er décembre 1961, le SAT-FMA dispose
de 96 324 dossiers individuels - constitués en trois ans - sur
la population nord-africaine de la Seine. Plus de la moitié de
la population nord-africaine du département eût recours
aux services du SAT-FMA, ce qui témoigne de la l'efficacité
de l'action psychologique et sociale du service - et accessoirement
du renseignement - malgré les contraintes dissuasives du Front
de libération nationale à l'encontre des immigrés
désireux de bénéficier des aides accordées
par l'administration française. " Reflets de quelques statistiques
mécanographiques relatives aux Français musulmans d'Algérie
dans le département de la Seine ", p. 2. Commandant Roger CUNIBILE.
Collection de l'auteur. 14- Composée de fonctionnaires de la section
nord-africaine des Renseignements généraux 15- Les appellations se confondent. La plus fréquente
est la première. Fréquemment, les sigles FAP ou FPA sont
utilisés dans les rapports et les télégrammes de
la préfecture de police pour désigner indifféremment
le policier auxiliaire ou l'unité. 16- Série H2B des archives de la préfecture
de police. Bertrand WARUSFEL, Contre-espionnage et protection du secret.
Histoire, droit et organisation de la sécurité nationale
en France ", Lavauzelle, 2000., pp. 64-65. 17- Bertrand WARUSFEL, op. cit. Pp. 63-65. 18- Charles-Robert AGERON, " Les supplétifs
algériens dans l'armée française pendant la guerre
d'Algérie ", revue XXème siècle, n°48, 1995. 19-Paulette Péju, Les harkis à Paris,
pp. 39-40. 20- Et vétéran de la Seconde Guerre
mondiale - notamment de la campagne d'Italie - et de la guerre d'Indochine. 21- Lieutenant-colonel Raymond MONTANER, témoignage. 22- Témoignages colonel Roger CUNIBILE et
lieutenant-colonel Raymond MONTANER. 23- C'est à dire, le groupe paramilitaire
du FLN. A distinguer des " groupes de choc ", ayant la même fonction,
mais orientée sur la défense de l'organisation politico-administrative
(OPA). 24- Un fonds, pourtant jugé insuffisant,
est débloqué pour l'organisation de l'unité. 25- Sujet également abordé lors du
conseil et exposé au Premier ministre lors de la réunion
du 18 septembre 1959. 26- Maurice FAIVRE, " service secrets et " troisième
force " : le Front algérien d'action démocratique (FAAD)
1960-1962 ", p. 205, CEHD, Lavauzelle. L'idée d'une troisième
force, à recrutement messaliste, aurait germé dans l'esprit
du général Nicot, officier détaché au cabinet
de Michel Debré, à partir de septembre 1959. Selon des
renseignements collectés par le 6ème secteur du SAT-FMA,
la formation auxiliaire, lorsqu'elle est évoquée lors
des réunions du FLN, est considérée comme faisant
partie d'une " troisième force " en cours de constitution. Note
de renseignements du 6ème secteur (23 février 1960). Force
de police auxiliaire, oppositions diverses à l'implantation des
unités, Ha 87. L'aboutissement de la Troisième Force sera
le FAAD, mais d'autres projets auraient été amorcés
auparavant, notamment par le capitaine Marc Géronimi, qui aurait
tenter la constitution d' une deuxième Force de police auxiliaire
(entretien avec le capitaine Marc GERONIMI). Il s'agit probablement
d'une initiative individuelle, puisqu'il n'y a, semble-t-il, pas eu
de projet de constitution d'une deuxième Force auxiliaire en
raison des difficultés rencontrés pour compléter
numériquement la FPA qui devait initialement compter 1000 hommes.
27- Témoignage du lieutenant-colonel MONTANER.
28- Compte rendu journalier du 8 février
1960. Le stagiaire a été blessé par balle à
la tête le 4 février 1960. Dossier " Force de police auxiliaire,
comptes rendus quotidiens 1960. H1B10. 29- Compte rendu journalier du 18 janvier 1960.
le stagiaire, enlevé, a été retrouvé dans
la Seine le 17 janvier. Dossier " Force de police auxiliaire, comptes
rendus quotidiens 1960. H1B10. 30- La pénétration des idées
nationalistes remonteraient dans cet arrondissement aux années
Vingt. Hasard de l'histoire, parmi les premiers militants du 13ème
arrondissement identifiés en 1928, certains d'entre eux habitaient
rue de la Gare, rue Nationale, et même 9, rue Harvey, futur siège
du poste de commandement de la Force de police auxiliaire. Note sur
l'activité de l'Etoile Nord-Africaine depuis sa création
jusqu'au 15 novembre 1934, page 15. Ba 2172. 31- Soit dans l'organisation du FLN à la
kasma 1, de la zone 2, de la superzone 2 de la 1ère wilaya (Paris-Centre). 32- Blanc de la section de renseignement du SCAA
du 1er avril 1960. Ha 84. - 1ère section : 159, boulevard de la Gare. - 2ème section : 1 groupe au 206, rue du
Château des Rentiers, 1 groupe, 23, rue Harvey. - 3ème section : 139, rue du Château
des Rentiers. - 4ème section : 1 groupe au 9, rue Harvey
(poste de commandement dans le café " Soleil d'Alger ", ancien
siège d'un tribunal FLN), 1 groupe, 151, rue Nationale. 33- Ibid 34- Les premières patrouilles sont prudentes,
selon le témoignage d'un policier auxiliaire, quelques agents
en civil de la FPA précèdent et terminent les files d'agents
en mission pour prévenir les agressions individuelles. En fin
de mois, les patrouilles, outre le contrôle des identités,
serviront également de méthode visant à perturber
les collectes financières. H1B7, Force de police auxiliaire,
réactions diverses de l'opinion publique (1960-1961). Compte
rendu du 27 juin 1960. 35- Voir directives du capitaine Montaner du 18
mars 1960. Folios " zone d'action ". 36- Il est envisagé aussi, parallèlement
au réseau de soutien, de constituer des groupes d'autodéfense
avec le concours du SAT-FMA. Ce projet ne sera pas réalisé,
bien que dans la pratique des tentatives aient eu lieu. Force de police
auxiliaire, création de l'unité 1959-1960. Règlement
intérieur, missions. " Conditions d'emploi établies au
cours de la réunion de travail du 25 février 1960 ". Ha
84. Néanmoins, ponctuellement des demandes d'attributions d'armes
individuelles à des agents favorables à la FPA seront
demandées au cabinet du préfet pour que ces personnes
puissent assurer leur protection tout en continuant leur mission. Note
du directeur du cabinet au chef du SCAA du 8 novembre 1960. Force de
police auxiliaire, résultats opérationnels 1960-1962.
H1B10. 37- Notamment dans le 18ème arrondissement
les 7 et 8 mai 1960, en prévision de l'implantation programmée
dans ce secteur de la capitale. " Compte rendu d'opération effectuée
dans le 18ème arrondissement le samedi 7 et le dimanche 8 mai
1960 ", Force de police auxiliaire, création, activité
1960-1961. Ha 84. 38- Utiles pour une meilleure connaissance de la
population (pour pouvoir mieux ensuite, distinguer les personnes étrangères
au quartier), et perturber les relations des réseaux locaux. 39- Les directives écrites du capitaine Montaner
à ses hommes (18 mars 1960) leur imposent des règles comportementales
favorables au " dialogue " : " Attitude vis à vis de la population
: déférence, considération, politesse. Ne pas trop
parler, mais dire des mots qui portent. Apprivoiser la population, l'aider,
la défendre, l'encourager, lui donner un espoir, la sortir de
la terreur dans laquelle elle vit. S'efforcer d'obtenir des renseignements
nets et précis. Ne jamais confondre le bon du mauvais. S'efforcer
de connaître tout le monde. Détecter tout étranger,
lui demander des explications ". 40- Compte rendu FPA du 21-22 mars 1960. 41- En raison du pouvoir de perquisition dont bénéficie
cette brigade. La BAV sera engagée instantanément à
la demande des officiers de la FPA. 42- Blanc de la section de renseignement du SCAA
du 1er avril 1960, p. 2. Ha 84. 43- Rapport sur la FPA implantée dans le
13ème arrondissement, situation au 10 avril 1960. Note n°26/FPA/AS
du 10 avril 1960. Ha 84. 44- Note du directeur de Cabinet au directeur du
SCAA du 8 novembre 1960, fiches de renseignement jointes en annexe.
H1B10, Force de police auxiliaire, résultats opérationnels
1960-1962. 45- Rapport du 27 avril 1960. Ha 84. 46- Idem. 47- Ibidem. 48- Rapport du 27 avril 1960. Force de police auxiliaire,
création, activité, Ha 84. 49- Page 3 du blanc. 50- Bilan de l'action de la Force de police auxiliaire
et considérations sur le problème algérien vue
de la métropole. Capitaine Montaner (18 avril 1960). Témoignage
du lieutenant-colonel MONTANER. 51- Au cours de l'année 1927, puis en plus
grand nombre à partir de 1928, l'Etoile Nord-Africaine organisait
" des petites réunions de quartier, comptant chacune une centaine
d'auditeurs. Celles-ci se tiennent principalement dans de petits établissements,
restaurants ou cafés, qui appartiennent en général
à des commerçants nord-africains
". Note sur l'activité
de l'Etoile Nord-Africaine depuis sa création jusqu'au 15 novembre
1934, pp. 14-15. Ba 2172. 52- Bilan de l'action de la Force de police auxiliaire
et considérations sur le problème algérien vue
de la métropole. P. 3. H1B6, Force de police auxiliaire, création. 53- La Force de police auxiliaire semble être
soumise à des provocations limitées de la part d'individus
recherchant l'altercation avec elle, afin probablement de rajouter au
discrédit jeté par la campagne de presse du Front de libération
nationale. Au sujet des " provocations " voir " compte rendu d'ambiance
" du 12 juin 1960. H1B7, Force de police auxiliaire, réactions
diverses de l'opinion publique. 54- H1B7, Force de police auxiliaire, réactions
diverses de l'opinion publique (1960-1961). Compte rendu d'ambiance
du 18 août 1960. En réalité, les informateurs bénévoles
sont rencontrés fréquemment ailleurs qu'au poste de la
FPA. Ces derniers, surveillés par des agents du FLN, ne permettent
pas une rencontre sécurisée. Les informateurs sont rencontrés
extérieurement selon divers procédés mis en place
par le commandant de la FPA. Témoignage du lieutenant-colonel
MONTANER. 55- En réalité, malgré l'exactitude
de la plupart des informations recueillies par leurs agents de renseignements
du FLN, notamment l'attaque dans le 13ème arrondissement, les
membres de l'état-major de la wilaya de Paris estimaient à
1 500 le nombre de policiers recrutés dans la Force de police
auxiliaire. La Police auxiliaire, à l'insu de son chef, bénéficiait
encore de l'avantage de laisser son adversaire dans le doute quant à
ses effectifs. Voir " première note sur les harkis de Paris ",
Force de police auxiliaire, réactions diverses de l'opinion publique
1960-1961, H1B7. 56- Rapport du 10 avril 1960 portant le cachet "
urgent ". Ha 84. 57- H1B7, réactions
rapport capitaine
Montaner au directeur du SCAA. 58- En collaboration avec la police municipale pour
" légaliser " les interpellations. Ce mode opérationnel
est écrit dans le rapport du capitaine au directeur du SCAA du
13 juin 1960, dans lequel il demande l'autorisation de sa mise en exécution.
Force de police auxiliaire, création de l'unité (1959-1960).
Règlement intérieur, missions. Ha 84. 59- D'où probablement les nombreuses plaintes
concernant les dégâts matériels occasionnés
par la Force de police auxiliaire. 60- Témoignage du lieutenant-colonel MONTANER.
Maurice PAPON, " Les chevaux du Pouvoir ", p.191. 61- Maurice PAPON, op. cit. p.197. 62- L'officier de police adjoint, MR, qui a rejoint
le Maroc via l'Espagne après avoir quitté l'unité
le 29 juillet 1960. Force de police auxiliaire, correspondance 1961-1963.
H1B6. 63- A ne pas confondre, selon les rapports, avec
les policiers appartenant à la section hors rang de la FPA, appelés
aussi " hors cadre ". 64- Agression d'un " hors cadre " (un informateur
selon le rapport. Il s'agit probablement d'un policier infiltré)
le 22 avril 1960 en soirée à Clichy. Compte rendu du 23
avril 1960. Dossier " Force de police auxiliaire, comptes rendus quotidiens
1960. H1B10. 65- Certains se rendent probablement à Nanterre.
Force de police auxiliaire
réunion du 28 mars 1960. Force
de police auxiliaire, fonctionnement, activités (1960-1961),
Ha 84. 66- Ce qui sera effectivement le cas après
juin 1961. Les réseaux de collectes notamment se remettront en
place très rapidement. 67- Force de police auxiliaire, fonctionnement,
activités (1960-1961), réunion du 28 mars 1960. 68- La question écrite au Conseil de Paris
n°441 du 19 novembre 1959 du Conseiller général,
Raymond Barbet, au préfet de police concernant l'éventualité
de l'introduction d'une formation de " harkis en civil " laisse supposer
des fuites, parvenues jusqu'au service de renseignement du FLN. 69- Seuls quelques ralliements personnels seront
obtenus, et aucune agression de " l'intérieur " ne sera tentée,
en 1960, contre les cadres de l'unité. 70- Un policier auxiliaire a quitté le makhzen
avec son arme administrative et a rejoint l'Allemagne. Il a été
arrêté par la police allemande le 30 juin 1960. Copie de
télégramme, Force de police auxiliaire, correspondance
1961-1963. H1B6. 71- Au sujet de documents découverts, 70,
rue de la Mare, Paris 20ème. 20 juillet 1960. Sur des directives
" adressées à des responsables du Front " deux paragraphes
font allusion à un ou plusieurs " harkis " ayant des contacts
avec le FLN et au(x)quel(s) il est demandé de faire des rapports
.H1B6,
Force de police auxiliaire, sécurité de l'unité
(1960). Voir également Constantin MELNIK, La mort était
leur mission. Le service action pendant la guerre d'Algérie ",
Plon, 1996, pp.177-205. La mort du policier Rachid Khilou (dont l'identité
a été dévoilée dans la presse, notamment
dans un article de France-Soir du 19 novembre 1960) à Valence
n'est pas encore totalement élucidée et dépasse
le cadre de cet article. Il convient cependant de souligner que les
informations sur les conditions de cet homicide sont contradictoires,
notamment le témoignage de Constantin Melnik et les renseignements
fournis par le chef du service régional de la police judiciaire
de Lyon. Le premier situe le meurtre à la sortie d'un hôtel
après une filature ; le second précise que le policier
aurait résidé pendant deux jours chez sa sur et
que son agression aurait été le fait de trois individus
contre la vitre d'un café en présence d'un témoin
oculaire. Dossier RK. H1B8. Toutefois selon les différents témoignages,
l'exécution a été mis en uvre par le service
action. Le lieutenant-colonel Montaner réfute avoir donner l'ordre
d'exécuter son officier de police adjoint. 72- Un supplétif est licencié en raison
de ces sympathies idéologiques pour le messalisme. Rapport du
capitaine Montaner au directeur du SCAA. 4 octobre 1960. Force de police
auxiliaire, correspondance 1961-1963. H1B6. 73- Note de renseignements (et pièces jointes)
du 4ème secteur du SAT-FMA du 17 juin 1960, établie d'après
les informations d'un indicateur fournies le même jour. 74- Le 20 mars 1960, le brigadier MB est blessé
par balle dans le dos et au ventre alors qu'il est en permission dans
le 11ème arrondissement. Compte rendu hebdomadaire du 21 mars
1960. Dossier " Force de police auxiliaire, fonctionnement, activités
1960-1961 ". Ha 84. 75- Il est utile de souligner que les membres du
Comité central de l'Etoile Nord-Africaine réclamaient
aussi dans les années trente la dissolution de la brigade nord-africaine,
unité chargée de la surveillance des milieux nationalistes
et de la répression judiciaire en milieu nord-africain. Cette
brigade avait aussi la particularité d'être composée
d'Algériens. 76- Force de police auxiliaire, fonctionnement,
activités. Note au sujet de l'action de la FPA (2 mai 1960).
En réalité, la réponse aux questions du conseiller
municipal Claude Bourdet. Ha 84. 77- Notamment le stress causé par la crainte
constante de l'attentat ou de l'agression individuelle. 78- Témoignage du lieutenant-colonel MONTANER.
Fichier de la Force de police auxiliaire (Archives privées). 79- Témoignage du lieutenant-colonel MONTANER. 80- La note de synthèse du 2 mai 1960 confirme
qu'en raison de la dangerosité des individus interpellés,
les arrestations " sont parfois assez rudes mais ne dégénèrent
jamais en sévices graves ". " Les interpellations de la FPA ne
revêtent donc jamais le caractère de véritables
interrogatoires et
il n'est jamais pratiqué ni toléré
des sévices ou des tortures ". 81- (??????????). 82- Témoignage du lieutenant-colonel MONTANER.
83- Voir notamment les nombreuses coupures de presse
inventoriées aux archives de la préfecture de police.
Force de police auxiliaire, plaintes, coupures de presse et notes. 1960-1962.
Plusieurs dossiers. Ha 87. 84- Pierre LE GOYET, La Guerre d'Algérie,
Seuil, 1989, p.471. 85- Le comité fédéral ne semble
pas favorable à une trêve dans les actions armées
contre la police, les groupes de choc et l'organisation spéciale,
réorganisée sont sur le pied de guerre au moment des pourparlers
de Melun. Le rapport adressé par le comité fédéral
au ministre de l'Intérieur du Gouvernement provisoire de la République
Algérienne au Caire le 23 juin 1960 exprime nettement le rejet
de toute trêve et souligne le rôle des " harkis " dans les
risques d'effritement de l'organisation
Ali Haroun, " La 7ème
wilaya. La guerre du FLN en France 1954-1962 ", annexe n°29. 86- Rapport du capitaine Montaner au directeur du
SCAA, 15 juin 1960. Force de police auxiliaire, oppositions diverses
à l'implantation des unités. Ha 87. 87- Maurice FAIVRE, op. cit. p.205. A l'automne
1960, des éléments détachés d'une SAS d'Algérie
effectueront des opérations d'exécutions sommaires dans
la ville à partir d'un hôtel du 7ème arrondissement.
Ce groupe d'environ 7 personnes ignorait pour quel service ils opéraient.
Témoignage anonyme. Il convient aussi de signaler les opérations
homos du service action, les opérations, moins nombreuses dans
Paris de la Main Rouge ainsi que les assassinats ponctuels d'agents
du FLN par des hommes, appartenant au monde de la délinquance
ou du crime organisé par le Service d'action civique (SAC). Voir
le témoignage de Patrick CHAIROFF, B
comme barbouze,
.p. 88 Région Février 1960 Mars 1960 Octobre
1960 1221 3 200 3156 2 315 1222 2 450 2 428 2 243 1223 2 320 2 229 2 311 Source : Blanc " Le Front de libération nationale
et la Force auxiliaire de police " ; Force de police auxiliaire, oppositions
diverses à l'implantation des unités. Ha 87. 89- " Le Front de libération nationale et
la Force de police auxiliaire ". 3 novembre 1960. Force de police auxiliaire,
oppositions diverses à l'implantation des unités. Ha 87.
Il convient de signaler que 98 individus se sont placés sous
la protection de la police auxiliaire. Rapport annuel de l'activité
des services (3 juillet 1961). 90- Procès verbal de la réunion du
26 octobre 1960. SCINA, réunions (1960-1963), Ha 47. 91- Idem, procès verbal de la réunion
du 12 octobre 1960. 92- La Force de police auxiliaire a effectué
entre le 20 mars et le 31 décembre 1960 et sur un nombre plus
restreint d'arrondissements, les interpellations et saisies d'armes
suivantes : a) Organisation politico-administrative : 3 chefs
de zone ; 1 chef de zone (comité de soutien aux détenus)
; 5 chefs de région ; 2 chefs de région (comité
de soutien aux détenus) ; 27 chefs de secteurs ; 21 chefs de
kasma ; 48 chefs de section ; 73 chefs de groupe ; 272 responsables
de rangs subalternes ; 378 individus suspectés d'activité
en faveur du FLN. b)Groupes de choc : 1 chef de secteur ; 1 chef de
kasma ; 3 chefs de section ; 24 chefs de groupe ; 8 chefs de cellule
; 32 militants. Soit un nombre total de 899 interpellations et 2654
visites d'établissements. En outre, 4 membres du FLN ont été
tués au combat et 12 ont été blessés ( la
police auxiliaire déplore 8 tués et 30 blessés). c) Découvertes d'armes et d'argent : 4 pistolets
mitrailleurs ; 21 pistolets automatiques ; 3 revolvers ; 4 obus de mortier
de 60 mm ; 5 fusées de 60 mm ; 6 cartouches de fusée ;
8 grenades défensives de fabrication anglaise ; de nombreux documents
; et 36 195 francs , dont 13 000 en bons du Trésor, provenant
de collectes. 93- Il est vrai que les statistiques pour cette
unité concernent les douze mois de l'année. L'ancienneté
de l'unité, mais aussi la collaboration de la police auxiliaire,
du SAT-FMA et de la section de renseignement du SCAA, expliquent son
meilleur rendement. Celle-ci a permis l'arrestation de 1 324 membres
du FLN dont un responsable fédéral, un chef de wilaya,
un chef de superzone et 17 chefs de régions. Rapport annuel de
l'activité des services (3 juillet 1961). Force de police auxiliaire,
création, activité 1960-1961. Ha 84. Le transfert systématique
de renseignements concernant les collectes de la FPA vers la BAV explique
aussi, le faible nombre de saisies de fonds par les supplétifs.
Témoignage du lieutenant-colonel MONTANER. Table des sigles et vocabulaire arabe BDL Bureau des liaisons BRS Bureau de renseignement spécialisé BT Brigade territoriale CIV Centre d'internement de Vincennes Dârba Il frappa, frapper (l'infinitif
arabe correspondant à la troisième personne du passé
simple en français). DST Direction de la surveillance du territoire FAAD Front algérien d'action démocratique FLN Front de libération nationale FPA (ou FAP) Force de police auxiliaire ou Force
auxiliaire de police GAP Groupe de travail et d'action psychologique harki Combattant supplétif algérien
de l'armée française Maghzen Unité de police supplétive MNA Mouvement national algérien Moghazni Policier supplétif OAS Organisation de l'armée secrète OPA Organisation politico-administrative SAC Service d'action civique SAINA Service de surveillance et de protection
des indigènes nord-africains SAS Section administrative spécialisée SAT Service d'assistance technique SAT-FMA Service d'assistance technique aux Français
musulmans d'Algérie SAU Section administrative urbaine SCAA Service de coordination des affaires algériennes SCINA Service de coordination des informations
nord-africaines SDECE Service de documentation extérieure
et du contre espionnage Service action Unité du SDECE Service de protection des travailleurs algériens
dans la métropole Appellation initiale de la Force de police
auxiliaire Immigration et politique
de l'habitat Svlvestre Tchibindat * " le principe que nous avons posé au début,
lorsque nous fondions la cité, comme devant toujours être
observé, ce principe ou , formes est, ce me semble la justice
". Platon : La République, livre IV Dans un article sur la politique du logement des
immigrés (1945-1990), Vincent Viet s'interroge sur la crise du
maghrébin : Il existait bel et bien une politique du logement
en faveur fût-elle étrillée par une urgence constamment
reconduite. C'est don en réalité le décalage entre
la reconnaissance technique du problème, somme toute ancienne,
et sa cristallisation tardive en crise qui ne laisse pas d'intriguer
: pourquoi donc la polarisation de la question du logement des immigrés
s'est-elle produite, alors que les grands bidonvilles avaient pratiquement
disparu du paysage urbain que la crise nationale du logement urbain
ne revêtait plus l'intensité dramatique qu'elle avait eue
dans les années 1960 et que venait d'être prise la décision
de suspendre l'immigration économique ? " (1). Il est indispensable de faire une recension des
différents dispositifs spécifiques concernant l'immigration.
Il convient de préciser que logement des populations issues de
l'immigration, souvent assimile une concentration dans les grands ensembles,
ne procède pas de fondements " ethniques ", mais est fortement
déterminé par des facteurs sociaux, économiques
et politiques. Les statistiques l'INSEE démontrent par ailleurs
une présence beaucoup plus importante que l'on ne le croit dans
le logement individuel pavillonnaire. Les dispositifs spécifiques
en matière de logement comme dans d'autres domaines, tendent
de plus en plus vers alignement sur le droit commun. Repères historiques, textes de lois et
circulaires La Société Nationale de Construction
de Logements pour / Travailleurs Algériens (SONACOTRAL) est créée
par la loi du 4 août 1956, pendant la guerre d'Algérie
; elle devient la SONACOTRA en 1963, après les accords d'Evian.
Cette société d'économie mis contribue à
la mise en uvre d'une politique locative en direction de l'ensemble
des émigrés. A son origine, elle était chargée
du logement des travailleurs algériens célibataires dans
des foyers, ainsi que de résorption des bidonvilles et de l'habitat
insalubre. On pourra résumer ainsi l'évolution de la politique
locative en faveur des émigrés : o Une ordonnance ministérielle du 29 décembre
1958 met en place le Fonds d'action sociale pour les travailleurs musulmans
d'Algérie_ en métropole (FAS). Ce fonds affectera une
proportion considérable: de ses crédits à la construction
de centaines de foyers pour 1es travailleurs immigrés, essentiellement
dans la région francilienne ; puis aussi à la réhabilitation
de logements, notamment de logement, relais. Quand on passera de " l'homme
seul à la famille " (2). - FAS va élargir ses compétences
aux familles qui viennent dan l'hexagone, dans le cadre du regroupement
familial. Il y aura également une réaffectation des fonds
à la gestion et l'animation socioculturelle, ainsi que la promotion
de l'accompagnement d: résidents. o En 1970, un crédit spécifique est
affecté au logement des étrangers (travailleurs et leurs
familles) dans le cadre d'un convention avec l'Union Nationale Interprofessionnelle
du Logement (NIL). Il proviendra d'un prélèvement d'1/9ème
de la collecte des entreprises assujetties de plus de 10.salariés. o Un arrêté ministériel du 11
mai 1976 crée la Commission nationale pour le Logement des immigrés(CNLI)
et la charge de " coordonner l'ensemble des actions relatives au logement
des travailleurs immigrés et de leurs familles "Une circulaire
ministérielle du 20 juillet 1976 confère ensuite à
son secrétariat général des attributions qui étaient
antérieurement dévolues à la Direction de la Population
et des migrations(DPM)qui dépend des Affaires sociales. o Au milieu des années 70, des " grèves
de loyers " commencent à toucher l'ensemble des foyers, qui vont
se regrouper dans un Comité de coordination. Pour tenter de mettre
fin à un conflit qui prend de l'ampleur, une commission présidée
par M. Delmon va poser les jalons d'une réflexion dans les foyers,
qui se situent largement dans une zone de non dit avec des sociétés
gestionnaires toutes puissantes, usant et abusant de l'arbitraire. o En 1982, la commission sur le devenir des foyers,
présidée par le sénateur PS Dreyfus-Schmidt et
composée de huit délégués de foyers, recommande
principalement d'étendre le bénéfice de l'Aide
personnalisée au Logement (APL) - qui est attribuée aux
locataires du parc HLM - aux résidants des foyers de travailleurs
émigrés, et de _mettre en place une Aide Transitoire au
Logement (ATL) dont la gestion et le financement seront confiés
au FAS. Cette aide s'adresse aux résidants de foyers dont les
chambres ne sont pas conformes aux critères d'habitabilité
pour bénéficier de l'APL et de l'Aide au logement Social
(ALS). o En 1983, le FAS change de dénomination
et devient le Fonds Action Sociale pour les Travailleurs Immigrés
et leurs Familles(FASTIF). Au-delà du changement de sigle, il
s'agit de consacrer le caractère pérenne de l'immigration
en France. o Le gouvernement publie le 15 février 1988
une circulaire ministérielle qui va élargir le champ d'intervention
du 1/9ème prioritaire aux populations défavorisées. o Un arrêté du 28 mars 1988 va diviser
le 1/9e prioritaire en deux parts : une réserve nationale correspondant
à 15% des fonds seront désormais gérée par
la CNLI, alors que les 85% de " reliquat " seront déconcentrés
au niveau des régions et des départements. o Le 23 décembre 1994, trois décrets
vont modifier profondément réglementation en cours sur
les " logements-foyers ". Ces décrets visent à créer
une nouvelle catégorie d'habitat, " les résidences_ sociales
", qui ont pour objectif de constituer un relais vers logement définitif,
les foyers étant considérés comme une forme _ logement
provisoire alors qu'il est désormais reconnu que. l'immigration
est une immigration d'installation. Les Foyers de Travailleurs Migrants (FTM) et les
Foyers de Jeunes. Travailleurs (FJT) qui répondent aux critères
requis pourront bénéficier de financements par le biais
de Prêts Locatifs (PLA), _ Prêts à l'Amélioration
de l'Habitat (PAH) et d'aide aux personnes. Dans une contribution aux deuxièmes rencontres
parlementaires o la Ville, Michel Pélissier, président
de la SONACOTRA explique " (...) Depuis le décret du 23 décembre
1994 sur les résidences sociales, la SONACOTRA a créé
plus de 60 résidences dont plus de moitié ne sont pas
de simples transformations de foyers existants_ N'oublions pas que lorsqu'on
réhabilite un foyer, il devient résidence sociale. Notre
parc représente 25% des résidences sociales labellisées
de ce pays. La résidence sociale a été conçue
comme un outil d'insertion. (...) Chacun travaille sur la problématique
des quartiers, mais je constate que les anciens contrats de ville ont
soigneusement exclu les foyers de travailleurs immigrés... "
(3) o A partir de 1995, la réserve nationale
du 1/9ème gérée par CNLI va financer des opérations
de réhabilitation et d'amélioration locatives de foyers
de travailleurs migrants, afin de les introduire dans le processus d'intégration
aux résidences sociales. Ce dispositif concerne également
la résorption du bâti insalubre et la création logements
pour les familles nombreuses (2). o Un arrêté ministériel du 9
juin 1998 crée la Commission: interministérielle pour
le logement des populations immigrées, qui a une double mission
: la mise en uvre d'un plan quinquennal de traitement des foyers
de travailleurs migrants et la rédaction annuelle d'un bilan
de la situation du logement des populations immigrées. o Le guide de l'ADRI explique le contenu d'une circulaire
parue en 1999 : cette circulaire, " relative à la prise en compte
du logement des populations immigrées dans la préparation
des contrats de ville(
) insiste sur la nécessité
d'inscrire systématiquement les outils de l'intégration
et les foyers de travailleurs migrants dans les contrats de ville ou
de l'agglomération d'agglomération 2000-2006. En matière
de logement, la contractualisation repose sur trois objectifs : un meilleur
accès des populations immigrées à l'ensemble du
parc de logements ordinaires afin d'éviter leur concentration
dans des îlots ou quartiers déterminés, leur maintien
dans des logements décents et une transition des foyers vers
le statut de résidence sociale. " o Un avenant à la convention du 14 mai 1997
est signé le 11 octobre 2001 entre l'Etat et l'Union d'Economie
Sociale pour le Logement (UESL). Il prévoit une prorogation pour
cinq ans - jusqu'au 31 décembre 2006 - du plan de traitement
des foyers de travailleurs migrants. o La loi n° 2001-2006 du 16 novembre 2001,
relative à la lutte contre les discriminations, entraîne
un changement de dénomination de la FASTIF qui devient désormais
le Fonds d'Action et de Soutien pour l'Intégration et la Lutte
contre les Discriminations (FASILD). Conclusion Le rapport du Commissariat général
au plan (sous la direction de Stéphane Hessel) : " Immigration
: le devoir d'insertion " soulignait que " le logement situe les immigrés
dans l'espace, il est indispensable à la notion de territoire
que s'approprient les individus ou les groupes... Il détermine
largement le rapport quotidien à la société française,
tel que celui-ci se manifeste dans la scolarité, la santé
et la vie sociale en général " (page 248). L'habitat constitue
donc une donnée essentielle sinon fondamentale des politiques
d'insertion et d'intégration des populations issues de l'immigration. *Sylvestre Tchibindat est titulaire d'un troisième
cycle de sociologie, secrétaire général du CRAC.
Il a collaboré sous la direction de Jacques Simon à la
rédaction de deux ouvrages sur l'immigration algérienne
en France. Il a collaboré à a revue Cirta du CREAC et
à Libre Algérie. Il est l'auteur de deux livres publiés
chez l'Harmattan : 2004, La réglementation de l'immigration
algérienne en France, et 2005, Le Logement des Algériens en France
Notes (1) Viet Vincent, " La politique du logement des
immigrés ", in Vingtième siècle, numéro
spécial, Villes en crise, oct/déc. 1999. (2) Zehraoui Ahsène, " L'immigration : de
l'homme seul à la famille " CIEMI/ L'Harmattan, juin 1994, p. 173. (3) Pelissier Michel, président de la SONACOTRA,
Résidences insertion des travailleurs étrangers, in Pour
une renaissance de la rencontres parlementaires sur la ville - Actes
du colloque, mars 2000, pp 88-89. (4) Le patrimoine des Foyers de Travailleurs Emigrés
appelés par les pouvoirs publics à acquérir le
statut des résidences sociales regroupe 690 établissements
représentant une capacité de 127.500 lits principalement
sur trois régions de l'hexagone : l'Ile-de-France. 58.000 lits
; Rhône-Alpes 115 foyers, 20. 300 lits ; Provence Alpes Côte
d'Azur, 84 foyers, 12. 130 lits. La majorité des foyers de travailleurs migrants
sont en conventionnement APL (soit 72%). Le reste est destiné
à l'allocation de logement social l'allocation transitoire au
logement (14%). Il convient de noter qu'une grande majorité de
foyers a été construite entre les années 1965 et
1975.avec des normes architecturales au moindre coût d'où
un vieillissement accéléré du bâti , Les
organismes propriétaires se ventilent de manière suivante
: - l'Etat (et les ministères) à la
hauteur de 1,5% ; les organismes d'HLM dans une proportion de 41% ;
la SONACOTRA (47%) et les organismes gestionnaires qui ont un statut
associatif et sont principalement regroupés dans l'UNAFO qui
regroupe 35 organismes et 661 foyers, soit près de 120 000 lits
Article de Jean-René Genty.*
Article paru dans la Revue d'Histoire
: Outre-Mers, 1er semestre 2004, N°342-343
1) L'action psychologique et sociale/renseignement.
- Cotisations : près de 9.500.000.
francs,
- La première phase, d'une durée
approximative d'un mois, consiste - à partir des informations
préalablement connues - à neutraliser la kasma locale
et à sécuriser le secteur d'implantation. La neutralisation
vise à l'arrestation et à la conduite au centre d'internement
de Vincennes des cadres locaux de l'organisation, et à l'infiltration
des réseaux nationalistes du quartier. L'opération a essentiellement
pour but d'interrompre la collecte du secteur et à perturber
le fonctionnement administratif du FLN dans l'arrondissement. La sécurisation
a pour but de protéger les populations et les soustraire de l'emprise
du FLN afin de nouer des relations privilégiées avec elles.
Ces contacts ont aussi un but préventif, car l'assurance d'un
réseau de soutien est utile pour anticiper les attaques auxquelles
s'expose l'unité.
BAV Brigade des agressions et violences
Article paru dans la revue : Les cahiers
de l'Orient, troisième trimestre 2003 ; Être Maghrébins
en France
EL WATAN, 29-30 avril 2005 Flash-back sur un siècle dhistoire Lapproche historique choisie par le chercheur
a permis dappréhender limmigration comme phénomène
sociologique évoluant entre la déstructuration de la société
dorigine sous le régime colonial et la transition non sans
violence de la paysannerie algérienne du système traditionnel
vers le prolétariat de lorganisation capitaliste. Lindustrialisation
de la France de la fin du XIXe siècle, les besoins militaires
de lempire colonial, le séisme frappant les structures
sociales anciennes ont précipité les mouvements migratoires
vers la métropole. Tiraillé entre le statut discriminatoire
de lindigénat en Algérie et la découverte
de laction collective politique dans le militantisme syndical
dans les foyers industriels en France, lémigré politisa
non seulement une conscience du refus, mais en plus rationalisa ses
moyens de lutte et de contestation. Lidentité de limmigration
trouve ici une de ses matrices. Lautre matrice reste sa capacité,
a souligné le chercheur, à perpétuer ses liens
avec la société dorigine créant une sorte
de « contre-société » avec ses propres
référents culturels, ses propres réseaux de solidarité
(les cafés-hôtels-restaurants du début du XXe siècle),
permettant lintégration, mais luttant contre lassimilation.
Le CREAC, fondé en 1995 par lhistorien Jacques Simon, fin
connaisseur du mouvement ouvrier de limmigration et du Messalisme,
travaille notamment sur lhistoricité de cette « matrice
algérienne » qui surpassa le schéma de la simple
structure communautaire. Mais il fallait attendre les années
1950 et 1960 pour voir limmigration du travail, étroitement
dépendante de la société dorigine, se muer
en immigration de peuplement qui inspira au sociologue Abdelmalek Sayad
la notion de la « colonie algérienne », qui
devint graduellement autonome, stratifiée et diverse. Transition
fondatrice également de limmigration algérienne
qui, après la fin officielle de limmigration du travail,
commença à suivre la trajectoire des autres immigrations
en France. Parler de « deuxième génération
de limmigration », expliqua Dalila Cherif, cest
reproduire de faux schémas. « Pourtant, ces jeunes
nont pas émigrés, eux », lança-t-elle.
Lamalgame renseigne sur le déficit en conscience historique
dont lécriture de lhistoire reste la pierre angulaire.
Limmigration algérienne en France se trouve souvent otage
des raccourcis du discours ambiant. Elle se cherche une identité
dont le fondement ambigu a été résumé par
Sayad, La double absence, titre de son ouvrage posthume assemblé
et préfacé par Pierre Bourdieu. « La violence
dans le discours sur limmigration résulte des vérités
non dites », indiqua le chercheur. Objectiver limmigration
à travers sa réalité historique permet de mieux
recouvrir pleinement lhistoire de ce phénomène si
intime. Le CREAC devra collaborer avec le CCF dAlger pour rendre
disponible aux chercheurs algériens sa base bibliographique.
« Pour reconnaître lhistoire, pour reconnaître
les hommes », est intervenu Aldo Herlot, le directeur du CCF.
Adlène Meddi Repères Collection Mémoires et Histoire, 330 min,
2 DVD. Auteur(s) : Delattre, Didier ; Houzel, Rebecca ; Martin,
Daniel ; Millet, Jean-Luc ; Mitteaux, Valérie. Date de parution:
2008. Prix: 30€ CRDP académie de Créteil 7, rue Roland-Martin
94500 CHAMPIGNY-SUR-MARNE Tél. : 01 41 81 20 20 Dalila CHERIF
Le Centre culturel français (CCF)
dAlger a organisé, jeudi, une conférence-débat
animée par Dalila Cherif, chercheur au Centre de recherche et détude
sur lAlgérie contemporaine (CREAC), basé en France,
autour de limmigration algérienne en France, histoire dun
centenaire.
CULTURE L'IMMIGRATION ALGERIENNE EN FRANCE
Histoire dun
centenaire La conférencière a retracé
les grandes dates de la longue histoire de l'immigration Algérienne
en France, étalée sur un siècle depuis 1898 jusqu'à
1998. La problématique de l'immigration a été abordée
sous son double aspect : historique et sociologique. Modestement elle déclare :" j'ai toujours
des choses à apprendre sur l'Algérie et j'apprends davantage
quand je viens ici". La conférencière explique les raisons
et les motivations de cette recherche elle dira : " Ce travail a été commandé par la FEN (La
Fédération de l'Education Nationale) , il a été
mené par le (CREAC) sous la direction de l'historien Jacques
SIMON ". Dalila CHERIF tenait particulièrement à remercier
l'historien Jacques SIMON, Juif d'Algérie natif de Tiaret, Messaliste,
il a participé au mouvement algérien d'indépendance,
elle dira : " je me suis rendue compte, et grâce
à lui, que ce n'est pas parce qu'on est Algérien qu'on
est plus en droit d'écrire et qu'on est plus légitime
que d'autres à travailler sur cette question ". Elle enchaîne
: " Pour moi, Jacques SIMON est un fil conducteur, c'est quelqu'un qui
me permet d'avoir un éclairage concret sur ces événements,
comme historien et témoin, il a un double regard ". Quant à l'écriture de l'histoire franco-algérienne
la conférencière pense que : "l'écriture de l'histoire
franco-algérienne est caractérisée par les passions
extrêmes et les prises de position, cette histoire nous avons
voulu l'inscrire sur la longue durée pour pouvoir mieux l'analyser.
" Un siècle passé, le temps nécessaire
pour que les passions s'étampent et les esprits s'apaisent, car
l'écriture de l'histoire exige de là sérénité
et de la rigueur scientifique. L'immigration algérienne en France était
spécifique sous tout point de vue, elle ne ressemblait pas aux
autres immigrations européennes, on peut la qualifier dans un
sens de paradoxale, bien sûr du point de vue de la logique française, sinon comment peut-on parler d'un
immigration algérienne en France alors que l'Algérie était
considérée comme un prolongement de la France, un département
Français et donc une partie intégrante de l'Empire Français ?
Finalement, de ce point de vue-là, les Algériens de l'époque
ne faisaient que voyager à l'intérieur d'un seul et même
pays. L'immigration algérienne de la deuxième
moitié du XIX siècle était essentiellement agricole
et donc temporaire, liée principalement à la saison vinicole,
les premiers immigrés étaient des Kabyles ruraux ou villageois,
analphabètes pour la majorité d'entre eux et sans aucune
qualification professionnelle, avec l'essor de l'industrie française
et l'émergence de la classe ouvrière, l'immigration change
de nature, d'agricole elle devient prolétaire. Le décret Crémieux de 1870 assimilant
les juifs d'Algérie en leur accordant la nationalité française
ne fait qu'exacerber chez les Algériens le sentiment d'injustice,
ils se sentent lésés, exclus, ils restent soumis au Code de l'indigénat. C'est au sein de la C.G.T
(Confédération Générale du Travail), la
première centrale syndicale créée en 1895, que
les Algériens vont faire l'apprentissage de la politique, les
luttes syndicales, les bouleversements socio-économiques survenus
en Europe et plus particulièrement en France vont aiguiser et
de manière radicale les idées politiques des immigrés
algériens, donc pour ces derniers, la C.G.T n'était pas
seulement l'arène des luttes syndicales, elle fut aussi une grande
école et une pépinière d'idées. A partir
des années dix, les Algériens installés en France
vont s'organiser et se structurer en une véritable matrice, une
sorte de microsociété avec ses référents
culturels, son code moral et ses réseaux de solidarité,
ce premier noyaux d'Algériens va créer ses propres juges
et ses propres élites. Peut-on imaginer un seul instant les conditions
de vie atroces dans lesquelles vivaient l'immense majorité des
Algériens de la première moitié du XXe siècle ?
La colonisation française avec son lot de guerre et de misère
n'offrait guère de perspectives, l'immigration s'imposait alors
comme un dernier recours voire une issue probable à une situation
devenue intenable . Aux yeux de la France coloniale, l'Algérie
constituait un immense réservoir de main-d'uvre corvéable
et d'hommes mobilisables, pour combler un déficit
d'effectif militaire. La France n'hésitait pas à recruter
des Algériens pour faire la guerre, des centaines d'Algériens
ont pris part aux guerres napoléoniennes, la guerre franco-allemande a vu périr des soldats
algériens venus défendre avec bravoure et abnégation
une patrie qui n'était pas la leur. En 1917, les immigrés algériens sont
quelques milliers en France, les mariages mixtes s'ils existaient n'étaient pas officialisés de peur
des représailles : on comptait 700 mariages et 1000 Algériens
vivaient dans des ménages mixtes. En 1945, d'après les statistiques des préfectures
françaises, 200.000 Algériens travaillaient dans les différents secteurs de l'industrie. Le début du XXe siècle marque l'avènement
d'une conscience nationale Algérienne, confrontés aux
luttes politiques et sociales françaises, les Algériens
sont à l'écart mais demeurent attentifs. Après l'indépendance, l'immigration
Algérienne va s'amplifier et devient une immigration de peuplement,
ce sera le début du communautarisme, elle va
se clôturer officiellement avec l'arrivée au pouvoir de
Giscard d'Estaing qui accorde une aide retour pour tous
les Algériens désireux de rentrer chez eux. D'après Dalila CHERIF : "L'immigration Algérienne
est un problème interne à l'histoire de la France, c'est
une histoire qui doit aussi concerner les Algériens". Cette recherche a fait l'objet d'un ouvrage de deux
tomes , le premier tome s'intitule : L'immigration algérienne
des origines à l'indépendance, publiée en Novembre
2000 aux éditions Paris Méditerranée, le tome deux intitulé : L'immigration algérienne
en France de 1962 à nos jours , publiée chez L'Harmattan.
Pour mieux illustrer la diversité religieuse,
ethnique et culturelle de la France d'aujourd'hui, la conférencière rapporte une anecdote pertinentede sa mère
: " La France est devenue Ras El-Hanout ". On ne peut mieux dire en
effet la société française d'aujourd'hui est très
épicée ! La conférence s'est clôturée
par la projection d'un film émouvant sur la génération
issue de l'immigration* : le film soulève les interrogations
d'une jeunesse née en France en quête de repères. On reconnaît certainement cette voix mélodieuse
parmi tant d'autres, ces chansons tristes, elles nous racontent l'exil
(El Ghorba), la grande désillusion , la solitude et le déracinement
de ceux qui un jour ont quitté leur pays en laissant épouses et enfants pour
un monde meilleurs, cette voix de l'exil c'est celle de Mazouni. Il est navrant que le public présent à
la conférence était peu nombreux : les absents ont
toujours tort ; l'histoire de l'immigration est notre histoire à
tous. Les universitaires, les étudiants et les
intellectuels de la ville de Constantine se plaignant à longueur
d'année du " vide culturel " ont brillé par leur absence.
Pour rappel l'entrée est libre. Karboua ABDELAZIZ * Note que je précise : Le lait amer,
de Rebecca HOUZEL, extrait du DVD du CRDP de lacadémie
de Créteil pour la CNHI intitulé Histoire et Mémoires
des Immigrations.
MERCREDI 19 NOVEMBRE 2008 - EL ACIL